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mardi 19 juillet 2011

Travail à pied et flexions de mâchoire

Ce dimanche, je devais monter Varennes, mais à l'heure prévue, voilà qu'il tombait des cordes ...
Qu'à cela ne tienne, nous irions dans le rond de longe (couvert) pour goûter aux joies du travail à pied.
C'est un peu à contre coeur que je me rabattais sur cette solution mais j'avoue que je n'ai pas été déçu de cette séance.

Varennes n'a jamais connu le travail à pied, hormis si l'on veut parler de longues rênes à la rigueur, mais je parle ici du travail qui se situe à l'épaule du cheval, avec un filet et une badine.

J'ai donc démarré par de simples demandes de flexions de mâchoires comme j'ai l'habitude de lui en demander depuis quelques semaines de manière systématique avant de le monter (et avant de le ressangler). Le cheval connaît maintenant très bien ces demandes et il s'exécuta de bonne grâce.

Vient ensuite la mise au pas : je touchais préalablement le cheval sur tout le corps à l'aide de ma cravache de dressage pour m'assurer qu'il ne prendrai pas ombrage d'une simple demande de se porter en avant. Le cheval ne manifesta aucune appréhension et je demandai donc le pas avec un appel de langue joint à une petite touche de la cravache sur le flanc. La réponse fût un peu désordonnée au début, et comme je souhaitais conserver le placer qu'il avait adopté suite aux flexions de mâchoires, cela ne l'aida pas forcément à enclencher la marche de manière détendue.

Peut-être aurai-je dû être moins exigeant et me contenter de lui faire prendre le pas sur des rênes mi-longues et une encolure plutôt longue ? Toujours est-il que borné dans mon travail, j'entrepris de vouloir corriger sa direction au moyen d'une épaule en dedans un peu prononcée pour le garder sur la piste ( pas forcément la meilleure idée après réflexion ). Le rond de longe ne faisant qu'un carré d'environ 12m de côté, le fait qu'il veuille rester en piste intérieure rapetissait encore considérablement notre espace de travail et je voulais au contraire pouvoir l'exploiter au mieux. Je lui demandais donc cette épaule en dedans grâce à une main intérieure assez élevée, jouant sur la commissure des lèvres (ce qui me permettait de conserver la bouche détendue) et attirant son bout de devant un peu à l'intérieur, puis en appliquant une action de cette main en direction du garrot. Assez vite Varennes pu rester sur la piste et je diminuais l'angle du travail de 2 pistes.

Cependant, je n'arrivais encore pas à obtenir un cheval un minimum droit et le fait que je le tenais un peu trop sur la rêne intérieure n'arrangeait pas les choses. J'essayais bien d'affermir le contact avec la rêne extérieure passée en avant du garrot, mais je ne réussissais qu'à obtenir une flexion de la nuque dirigée vers l'extérieur, sans que l'axe du cheval en soit modifié véritablement.

Petit à petit, je me rendis compte qu'en utilisant ma rêne extérieure avec une action placée en arrière du garrot (ce qui impliquais que je me positionne un peu plus en arrière de l'épaule), j'attirais les hanches vers moi et le cheval prenait une direction orientée vers l'extérieur. Je me rappelais alors des différents effets de rênes décrits dans les manuels d'équitation et compris toute l'importance de la direction d'action des mains. Dirigées en avant du garrot, on peut contrôler l'avant-main, tandis qu'en arrière du garrot, on contrôle l'arrière main.
Dès lors, le cheval se décontracta et notre entente s'améliora très vite. Je me risquai même à lui demander le trot, mais ce ne fût pas franchement brillant : trop de mains sans doute, le cheval était assez hésitant dans sa foulée et franchement irrégulier.

Je demanda également des doublers sur les lignes du milieu et des changements de mains, durant lesquels je me retrouvais donc à l'extérieur du cheval et où il fallait alors le diriger dans le pli interne grâce à une action de main intérieure en arrière du garrot. On termina la séance dans une très bonne décontraction à l'exécution de tout ce travail au pas, sans chercher à retenter le trot ... Ce sera pour une prochaine fois.

Sortant du rond de longe, la pluie avait cessé de tomber et je ne résista pas à l'envie de seller Varennes pour vérifier en selle du bien-fait de ce travail à pied. Après un rapide tour de carrière au pas avec une bonne décontraction générale, je demanda le trot, mais le cheval se fit prier un peu et je dû le rappeler à l'ordre en gardant mes jambes pressées, tout en le réveillant de la cravache. Dès lors, le cheval devint comme par enchantement aussi léger que réactif et m'offrit son plus beau trot et à chaque main, comme si nous avions travaillé à cette allure depuis un bon moment. Je vérifiais ensuite le galop et je fus surpris de sa qualité.

J'étais conquis par les bien-faits du travail à pied et de la flexion de mâchoire, et me promettais de m'y astreindre plus souvent.

mercredi 15 juin 2011

Ouvrir l'assiette et laisser passer l'énergie

L'avant dernière séance avec Varennes avait été une catastrophe. Je n'ai pas compris ce qui lui arrivait, il n'avait plus d'énergie, se traînait mollement. Non pas qu'il s'acculait, mais il me fallait sans cesse le rappeler à l'ordre de la cravache pour qu'il respecte mes jambes. Quelques foulées précipitées plus tard, le revoilà qui s'installait à nouveau dans une attitude molle. Je ne comprenais pas ... Avait-il une gêne physique ? Avait-il trop bossé la veille (je n'ai pas pu savoir qui l'avait sorti, ni ce qu'il avait fait la veille) ? Je décidais donc de limiter mes exigences et d'écourter la séance, mais j'étais complètement découragé. Etait-ce moi qui lui en demandais trop ? L'avais-je dégoûté du travail en carrière ? Blasé aux jambes ?

Toutes ces questions tournaient dans ma tête et je n'arrivais pas à me faire une idée. J'avais la sensation de ne pas avoir réussi à intéresser le cheval à son travail, pire, d'être considéré par lui comme un empoisonneur, disons le : un emmerdeur !!!

Je devais le remonter le sur-lendemain. J'avais hâte de le retrouver et de m'assurer qu'il avait retrouvé la forme tout simplement. Que tout cela n'était qu'un mauvais passage à vide et qu'on repartirait sur de bonnes bases. Je décidais donc de mettre toutes les chances de mon côté et de remettre en question ma façon de le travailler en profondeur.

Ayant depuis longtemps l'intime conviction que seule l'équitation de légèreté était bonne aux chevaux, je décidais de faire une recherche de ce côté ci . Comme je voulais que cette recherche aboutisse rapidement, plutôt que de relire en un soir l'intégrale de Nuno Oliveira, je décidais de prendre modèle sur des images mentales inspirées par des vidéos de cavaliers dont je tiendrai en estime le travail. Et me voila en quête de vidéos sur Youtube !!!

Voici une vidéo qui me plu beaucoup :


Je compris qu'il fallait une fois de plus se reposer sur le sacro-saint "Mains sans jambes et jambes sans mains".

Mais ce qui me permis de mettre en pratique au mieux cette technique, fût une fois de plus, une image mentale tirée du "l'équitation centrée" de Sally Swift. En effet, au chapitre sur le trot, elle expliquais qu'il fallait avoir envie de faire descendre son genou vers le bas comme pour le faire toucher un index imaginaire qui se trouverai juste en dessous. En tentant de reproduire cette image, je compris qu'il ne fallait rien de moins pour obtenir une assiette plus profonde, plus décontractée, avec néanmoins la tonicité des adducteurs nécessaire à la tenue à cheval. Tout ceci en laissant formidablement bien passer l'énergie du cheval des postérieurs jusqu'à la bouche et inversement.

En lisant également Jean-Claude Racinet ("L'équitation de légèreté"), au sujet de la position du cavalier, il insistait sur la nécessité d'avoir la cuisse tournée sur son plat d'une part et d'avoir des aides "séparées" d'autre part. En essayant de pivoter mon fémur de manière à avoir le plat au contact de la selle, je compris également que cette position permettait d'avoir des bas de jambe légèrement décollés des flancs. Aucune action parasite ne serait donc ressentie par le cheval, et au contraire, l'application des jambes en serait d'autant mieux perçue par celui ci.

Après avoir visionné une de mes séances filmées (c'est toujours l'occasion de grandes remises en questions), je me suis également aperçu que mon bassin avait souvent tendance à trop accompagner les mouvements du cheval. Ainsi, mon assiette n'était pas neutre et avait tendance à vouloir pousser le cheval en permanence. Ce n'était pas l'image que je me faisais de mon équitation et pour avoir regardé très souvent d'excellents cavaliers d'obstacle, je n'avait jamais observé chez eux cette tendance. Au cours d'une balade, je m'efforçai donc de soutenir un peu plus mon rein et d'immobiliser mon bassin dans une position neutre. Certes je me sentais plus lourd en selle et chaque foulée de trot devait paraître un peu autoritaire au cheval. Cependant, force est de constater que l'attitude du cheval était au demeurant excellente, et qu'il se déplaçait dans une cadence stabilisée. J'aurais aimé être filmé à ces instants pour avoir confirmation de mon ressenti ... Ce sera l'occasion d'une prochaine séance.

lundi 6 juin 2011

De l'importance du "lâcher prise"

Ce titre assez mystique cache en faite plusieurs notions :
  • l'alternance des équilibres à demander dans le travail du cheval,
  • l'importance de la récompense entre chaque phases de travail
  • la nécessité de décontracter les ressorts du cheval avant de pouvoir les contracter, et bis repetitae, ad libitum ...
Il m'arrive régulièrement de m'enfermer dans mon travail avec le cheval : je ne vois plus ce qui se passe autour de moi, d'ailleurs mon regard est figé sur les oreilles de mon cheval, et je passe de (trop) longues séquences sur des exercices avec la tendance à un peu trop focaliser sur un point donné.

Cette attitude de travail n'est pas bonne. Je l'ai compris depuis longtemps, et pourtant, il me faut régulièrement m'astreindre à "lâcher prise". Le cheval peut travailler de longues séances, mais à condition de savoir conserver son attention par des exercices variés. Il ne sert à rien de vouloir rabâcher un exercice trop longtemps : il ne s'améliorerait pas, bien au contraire, on risque même de détériorer son exécution. Il faut sans cesse tenir compte des possibilités offertes par le niveau de dressage du cheval, et adapter nos demandes en fonction de cela. Bien sûr, il est nécessaire parfois d'avoir des exigences un tout petit peu plus grandes que celles auquel le cheval est habitué à répondre, mais alors, il faut savoir reconnaître le moindre signe de progrès ou de bonne volonté et tout en encourageant le cheval, savoir arrêter l'exercice avant qu'il ne se blase. Il est important à ce point de faire comprendre au cheval qu'on le remercie de sa bonne coopération et qu'il a le droit de retrouver un peu de calme en lui proposant une attitude plus décontractée (la descente d'encolure est toute indiquée pour cela).

De même, s'il arrive parfois qu'on travaille dans une attitude assez "contrainte" par des mains qui demandent au cheval un équilibre un peu plus sur les hanches qu'à son habitude, on s'apercevra assez rapidement qu'au final, le cheval fini souvent par s'encapuchonner. C'est alors le signe qu'on a été trop exigeant et qu'un retour dans un équilibre plus horizontal et plus décontracté s'impose. Là encore, l'extension d'encolure est la solution pour permettre au cheval de retrouver une locomotion plus naturelle, sans intervention de la main, tout en étirant sa musculature qu'il a trop fortement contracté lors du dernier exercice.

Un autre signe révélateur de mains trop pressantes est l'apparition de grincements de dents, de claquements, de jeux de mâchoires en travers. Il est alors urgent de rendre les rênes  pour un temps de travail moins contraignant, au risque de voir s'installer ces mauvaises habitudes plus durablement.

On peut également constater quand on travaille longtemps un cheval dans une attitude rassemblée, qu'il a tendance à diminuer l'amplitude de ses foulées. C'est là le signe qu'il faut déplier le cheval et vérifier sa réponse aux jambes en lui proposant d'augmenter son amplitude, en faisant des transitions montantes au sein de l'allure (allonger le pas, le trot ou le galop, selon).

Ainsi, outre les notions d'entretien de l'attention du cheval, de renforcement dans le conditionnement , on voit également qu'il est important dans la gymnastique de l'athlète d'intégrer une diversité d'équilibres, d'attitudes, qui permettront d'atteindre de meilleurs résultats dans le respect de son appareil locomoteur. On peut d'ailleurs très bien proposer un travail de 2 pistes dans diverses attitudes : le Dr Pierre Pradier en est d'ailleurs le fervent défenseur aujourd'hui lorsqu'il prône ce travail en extension d'encolure. Il affirme même que c'est dans cette attitude que le cheval pourra intégrer dans son inné locomoteur, le travail de 2 pistes.

J'ai pour ma part constaté aujourd'hui les bien-faits de l'épaule en dedans en descente d'encolure. Varennes a toujours eu plus de mal à engager son postérieur droit que le gauche, et de faite, avait beaucoup de difficultés à offrir une épaule en dedans à droite qu'à gauche. En lui demandant cet exercice en descente d'encolure, il a pu construire son déplacement latéral tout en conservant un bon engagement du postérieur droit et une bonne cadence (pas puis trot). Le fait de toujours me laisser porter par le cheval m'a également permis de mieux utiliser mes jambes et mon assiette.

samedi 28 mai 2011

Se laisser porter par le cheval

J'ai mis à profit ma dernière semaine de vacances à lire un livre de Sally Swift mondialement connu : "L'équitation centrée". Le bouquin fourmille d'images mentales qui permettent, en se les remémorant, par l'interprétation qu'en fait notre cerveau de trouver instinctivement le bon geste à reproduire à cheval. Il en est une qui m'a particulièrement marqué et qui m'a permis de passer un nouveau cap dans mon travail avec Varennes. C'est la position de relâchement total, d'abandon, qu'on peut voir en regardant la célèbre statue de Cyrrus Dallin "Appeal to the great spirit" :


Sally Swift insiste beaucoup sur le relâchement des muscles dans la pratique de l'équitation et pour avoir une position efficace et belle, elle recommande de se représenter l'image mentale de cette statue.

Cette expérience m'a rappelé les sensations que j'avais déjà pu ressentir avec une autre jument, plus avancée dans son dressage que Varennes. Je ne me contractais plus pour suivre ou anticiper les mouvements du dos du cheval, mais je restais passivement assis de tout mon poids dans la selle, en équilibre sur 3 points : les 2 ischions et la zone du périnée. J'ai alors constaté que mes jambes restaient beaucoup plus indépendantes et plus légères que d'habitude et qu'en conséquence, leurs actions étaient beaucoup mieux respectées par le cheval. Mon défaut principal qui consiste à baisser la tête avait tendance à s'estomper et mon assiette se faisait plus profonde. De même que mes jambes, mes mains avaient des actions bien plus délicates et le cheval prenait moins appui sur elles qu'à son habitude. Dans ses conditions, j'ai pu aborder les premiers changements de pieds isolés au galop avec succès, toujours en conservant le code déjà en place de demander le galop avec l'assiette extérieure. De même, les figures de 2 pistes étaient bien meilleures et surtout, j'ai pu travailler sur le reculer et les départs au trot avec de très bonnes transitions. Le problème de bouche muette à l'amorce du reculer avait tendance à disparaître de demandes en demandes.

Bref, je souhaite conserver cette image mentale dans mon travail et j'espère qu'elle continuera de me permettre d'améliorer ma position et mon assiette.

lundi 9 mai 2011

Des photos de Varennes

Je vous rassure : il est beaucoup plus photogénique en mouvement qu'en photo !!!






Bercer le cheval de droite et de gauche

Après avoir bien bossé en fin de semaine dernière, samedi matin a été l'occasion de souffler un peu et de s'aérer l'esprit dans un nouveau contexte : une balade inédite.
Le cheval a en effet pris sa routine avec sa cavalière précédente et connaît sur le bout des sabots ses balades habituelles. J'ai donc voulu le tester en extérieur pour le confronter à de nouveaux endroits, de nouvelles "difficultés", et j'ai été emballé par son bon comportement. Il est passé à côté des prés où paissent les ânes presque décontracté, a tout juste fait un petit départ surprise quand l'un d'entre eux a surgi par surprise au petit trot de derrière les buissons, a marqué un petit temps d'arrêt devant une grille d'écoulement pluvial, puis l'a franchi sans discuter, a pris son grand trot dans les montées dans les champs et sans forcer la main au moment de revenir au pas, bref, un amour !

Du coup on a repris le boulot en carrière dimanche matin et là on a fait un super boulot qui laisse présager de belles choses pour l'avenir. Après avoir travaillé à développer l'impulsion, puis à organiser son travail en lui proposant de se tenir sur la rêne extérieure, j'ai affiné les aides pour lui demander de se tenir sur l'extérieur. Au lieu simplement de porter ma main intérieure brièvement au contact de la commissure puis de rendre rapidement, j'ai utilisé une vibration des doigts sur la rêne intérieure tandis que ma main extérieure restait au contact, accompagnant le balancier de l'encolure. Le cheval a très bien réagit sur une encolure portée relativement longue, et je présume que cette attitude dans laquelle il travaille dans une relative légèreté, est représentative de son niveau dans la progression vers le rassembler. A mesure qu'il sera confirmé dans ce travail sur des aides "aimables", il devrait pouvoir se décontracter d'avantage et offrir progressivement une attitude de plus en plus rassemblée.

Si j'étais très satisfait de son bon comportement au niveau de sa réponse aux aides, je remarquais néanmoins que je n'arrivais pas à dessiner correctement des cercles de 10m : le cheval ayant toujours tendance à tourner en évasant le cercle, puis en recherchant à l'élargir, me ramenait immanquablement sur le cercle de 20m !!! J'ai pensé que peut-être cette attitude sur la rêne extérieure était responsable de ces mauvais résultats. J'essayai donc de le décoller de la rêne extérieure par le même moyen que je l'y avais incité, et là oh miracle : les tournant s'amorcèrent de plus en plus serrés, tout en gardant un certain équilibre, et en étant toujours capable de revenir sur la position de base : contact sur la rêne extérieure. Je précise cependant les actions déterminantes de mon poids du corps à l'intérieur, hanche en avant, associée à une jambe extérieure légèrement en soutient de l'arrière main.

J'avais donc résolu mon énigme du transfert de poids latéralement, et ceci m'ouvrait la voie pour un nouvel exercice (entendez "avec ce cheval", évidemment cet exercice n'a rien d'innovant en soit !...) d'agrandissement/rétrécissement du cercle. Je décidais de compléter ensuite ce travail par des balancements de 2 pistes de gauche et de droite sur les lignes droites, dans le pli de la contre-épaule en dedans (très léger pli). Je constatais d'ailleurs que le cheval se redressait sensiblement à chaque nouveau balancement et s'engageait d'autant à chaque fois : le cheval se mettait "dessous".

Comme je me rappelais que "la position précède l'action", j'ai ensuite pensé que cet équilibre me faciliterait le reculer, et je lui demandais donc après un arrêt en bonne et dûe forme. Mais sans succès : je me heurtais toujours à ce mutisme de la bouche au moment d'enclencher le mouvement. Je finissais toujours après quelques secondes à le décider, mais visiblement mon postulat de base n'était pas correct, ou tout du moins incomplet. Peut-être que le cheval a encore besoin d'entraînement pour parfaire la musculature propre au reculer ? Quoi qu'il en soit, je décidais comme à mon habitude d'être patient et d'attendre plutôt que de trop vouloir forcer les choses. Et puis le cheval avait déjà beaucoup donné au cours de la séance : il avait bien mérité une petite séance de "broutage en main" !!!

samedi 7 mai 2011

Envelopper le cheval de la rêne extérieure

Après avoir insisté quelques jours sur le développement de l'impulsion, je me suis attaché à faire fonctionner Varennes sur la rêne extérieure. En effet, les auteurs classiques recommandent de faire se tenir les chevaux sur la "rêne enveloppante", la rêne du dehors (au pli). Ca ne signifie pas qu'on doive tenir le cheval en tirant sur la rêne extérieure (d'ailleurs essayez, vous n'y arriverez pas !!!), mais que dans sa locomotion, le cheval devra s'attacher à conserver le contact avec celle ci. La rêne intérieure, quant à elle doit pouvoir être relâchée sans que l'attitude du cheval en soit changée.

Il y a toujours un côté sur lequel le cheval a une préférence pour se fier à la main, et l'autre où au contraire, le cheval aura tendance à fuir le contact. Bien sûr, toute la difficulté de l'exercice (qui n'en est d'ailleurs pas un, mais plutôt une façon de fonctionner du cheval) réside à ce que le contact sur la rêne extérieure devienne le plus équivalent à chaque main.

Pour moi l'intérêt également de ce travail, de cette ligne de conduite est que justement, il permet de se rendre compte très facilement des dérives qui peuvent s'insinuer dans notre monte. J'entends par là qu'il est très difficile de tricher en n'ayant qu'une seule rêne pour garder la mise en main d'un cheval.
Si l'impulsion est insuffisante, le cheval ralentira d'autant, refusera le contact sur une des 2 rênes (donc à une main donnée ou à l'autre) et se contre-incurvera dans l'encolure, ou au contraire, prendra un appui très franc (trop) sur la rêne extérieure à l'autre main, tout en se traversant.
De même, en gardant le cheval sur une seule rêne, on peut éviter d'avoir une main qui tire inconsciemment, dans la mesure où la moindre action un peu surdosée entraînerai la contre-incurvation de l'encolure.

J'ai donc commencé à travailler Varennes selon ces principes, sur des grands cercles, aussitôt qu'il commençait à être suffisamment "en avant". Le mode d'action de mes aides a été décrit dans le précédent article. Je n'ai pas grand chose à ajouter aujourd'hui, si ce n'est que lorsque le cheval se contre-incurvait en refusant le contact, je le remettait vivement en avant et pour corriger sa position, j'élevais brièvement ma main intérieure (la main de position) puis rendais aussitôt et aussi brusquement que possible, une fois la bonne position retrouvée.

J'ai par contre noté une nette amélioration au galop lorsque je dirigeais mon assiette vers l'intérieur (soit à l'opposé de l'assiette pour le trot). C'est à dire qu'au lieu d'avancer ma hanche intérieure, j'avançais au contraire ma hanche extérieure, tout en enveloppant les flancs du cheval du bas de la jambe extérieure. Mon poids se portait donc sur la fesse extérieure également. Cette position m'a tout a fait rappelé celle que prennent les toreros à cheval lorsqu'ils demandent la pirouette. L'épaule interne du cavalier recule franchement, le haut du buste se tourne vers l'intérieur et le regard pointe vers le postérieur interne.

Un des grands intérêts à ces différences de positions entre le trot et le galop est justement qu'elles permettent de faire passer les transitions au cheval grâce à l'assiette. Ainsi, depuis le trot, après quelques départs au galop en inversant l'assiette, j'ai très vite constaté que Varennes prenait le galop sur des actions de jambes ultra discrètes, et donnant un superbe départ. De même, depuis le galop, le simple fait d'inverser l'assiette permettait de limiter l'action des rênes pour le ralentir et passer au trot. Je me suis même essayé à un début de changement de pied au galop en intercalant seulement 2 foulées de trot entre les transitions, et le résultat a été impeccable.

Il faudra sans doute explorer cette voie pour étudier les changements de pied en l'air, mais je ne suis pas pressé pour cela, je préfère d'abord affermir son galop en lui demandant de petits contre-changements de main, qui deviennent de plus en plus prononcés, pour finir par quelques demi-voltes au contre-galop.

En parallèle de ce travail, je continue à chaque séance à lui demander quelques reculers. Le plus difficile est de l'enclencher dans le reculer. A chaque nouvelle demande, il a tendance à se figer dans sa bouche et à résister. Je monte alors mes mains symétriquement, puis joue dans les doigts pour le décontracter, et d'un coup, il cède de la mâchoire et de la nuque simultanément, et enclenche les pas de reculer. Il diagonalise plutôt bien ses foulées et reste ensuite relâché dans son avant main. Je veille toujours à bien le garder en ligne droite, mais il se débrouille plutôt bien. Peut-être qu'à force de répétitions, il oubliera ces mauvaises contractions lors des débuts de demande ? J'ai en tout cas remarqué qu'il se figeait beaucoup moins, voir parfois pas du tout lorsque je lui demandais le reculer avec une encolure pas trop courte : sans doute est-ce la solution ...

lundi 2 mai 2011

Avoir un cheval droit

J'ai fait une expérience intéressante alors que je rentrais d'une balade avec Varennes.

Alors que le cheval marchait d'un bon pas, encolure horizontale mais malgré tout posé sur la main, il arrivait qu'il soit parfois distrait par les curiosités du paysage. Evidemment, je ne lui en voulais pas, et en temps normal, j'aurai pu le laisser profiter de ces distractions, mais étant très enthousiaste en ce moment à l'idée de poursuivre le dressage d'un cheval aussi sensible, j'avoue que je m'étais un peu fait violence pour partir en balade, plutôt que de gratouiller en carrière. La balade étant cependant essentielle à l'équilibre aussi bien mental que physiologique de nos chevaux, habitants en box, j'avais choisi de lui offrir ce petit plaisir malgré tout, mais je ne pouvais m'empêcher de l'astreindre malgré tout à avancer le plus droit possible (entendez "sans se traverser").

Voici les aides que j'ai utilisé pour redresser le cheval et qui m'ont donné de très bons résultats :
lorsque le cheval regardait à droite, j'avançais ma hanche droite en appuyant un peu sur mon étrier droit, élevant légèrement ma rêne droite au contact et enveloppant le cheval de ma jambe gauche et de ma rêne gauche, en agissant par touchettes de la main gauche, pour lui demander de repousser ses épaules à droite.



Le lendemain, je reprenais le travail en carrière et après une petite détente, je me réjouissais d'essayer ma nouvelle découverte. Quelle ne fut pas ma déception en constatant que je n'arrivais pas à reproduire les sensations que j'avais connu la veille. Je bidouillais un peu mais ce que j'obtenais ne me satisfaisait pas, je n'était plus efficace et je m'épuisais à pousser un cheval qui ne réagissait pas.

Ca paraît évident après coup quand on l'écrit (ou le lit), mais sur le coup, j'étais tellement concentré sur l'application de ma technique qu'il me fallut un petit moment tout de même pour me rendre compte qu'il me manquait tout simplement l'IMPULSION !!! Hé oui, la grande différence entre les 2 séances était que la veille on était en balade, et là Varennes était franchement en avant (d'autant plus qu'on était sur le chemin du retour) alors qu'aujourd'hui on bossait en carrière ... Faites le test d'appuyer le pied sur un étrier avec un cheval qui n'est pas dans l'impulsion : vous devriez constater rapidement que le pépère fera mine de s'arrêter. Pas étonnant alors que je n'arrivais pas à redresser le cheval avec la dite technique !

Après une brève leçon de jambes, je pu enfin retrouver les sensations tant recherchées et j'en profitais même pour enchaîner des EED / contre EED, qui passèrent avec fluidité. Du même temps, j'ai pu développer le galop de Varennes sur de grands cercles en utilisant ma jambe externe associée à une large rêne d'ouverture et en restant assis.

Moralité banale : on ne le dira jamais assez, mais pour pouvoir demander (et obtenir) un mouvement, il faut d'abord avoir de la propulsion (en sachant que tout exercice consomme justement une part de l'impulsion).

vendredi 29 avril 2011

Varennes et le reculer

Aujourd'hui j'ai entrepris de tester Varennes au reculer. Je me suis vite aperçu qu'il n'en avait en faite jamais entendu parler. Le cheval a 12 ans, mais à priori, il n'a jamais été éduqué à cet exercice, qui présente pourtant de multiples vertues (rééquilibrage, musculation des abdominaux, soumission, etc).

Pour le lui demander, je procédais comme d'habitude après avoir déjà bien entamé la séance de travail, je m'arrête le long de la lice et je demande le relever d'encolure en montant les mains au contact au dessus de la bouche et en reculant légèrement mes jambes sans les appliquer aux flancs. J'incline très légèrement mon buste à mesure que mes jambes reculent et je demande le report de poids.

Bien sûr, pour la première séance, je n'attendais pas franchement un véritable reculer, mais je voulais au moins obtenir de lui qu'il entame une marche rétrograde : et c'est déjà beaucoup pour une seule séance !!! Que voulez vous, on ne se refait pas, je suis toujours trop pressé, et comme j'ai déjà obtenu gain de cause avec de nombreux chevaux à ce jeu là, rien ne m'encourage à prendre plus de précautions ...

Le cheval ne comprenait même pas ma demande de report de poids au début : figé qu'il était sur son mors et pas un seul signe encourageant. J'ai donc dû demander souvent,  me contenter de très peu et récompenser énormément (cf Capitaine Beudant) !!! Après le moindre signe de report de la masse en arrière, je caressait chaleureusement et remettait en avant au pas sur des rênes largement détendues. J'ai ensuite assez vite obtenu l'amorce du reculer par l'antérieur droit qui a été le premier à se mobiliser vers l'arrière. Mais là, ça coinçait de nouveau pour enchaîner avec la mobilisation des autres membres. Restant très calme et patient comme à mon habitude, les progrès ne venaient pas bien vite et les rares fois où Varennes daignait bouger ses autres pieds, il le faisait de manière contrainte, désordonnée et limite en défense. Je continuait toujours mes arrêts, demandes puis re-départ au pas, mais finalement, le cheval qui ne s'exécutait pas de bonne grâce essaya plusieurs parades : tentative de rotation des épaules autour des hanches, renversement de l'encolure, verrouillage de toute l'encolure sur une bouche hermétique, pour finir par une tentative de se pointer.

Là, c'était trop grave : je ne pouvais pas laisser passer cette incompréhension et je le gronda assez fortement puis le remis vivement en avant. A ce stade, je savais que j'avais été trop impatient et que je risquais de perdre la face. Je mis de côté l'exercice un moment pour me consacrer à d'autres exercices qu'il connaissait déjà et commençais à exécuter correctement : travail de 2 pistes, transitions montantes et descendantes, cercles, etc. Je m'attachais à recréer de la confiance entre nous et ne manquais aucune occasion pour le féliciter dès que ses réponses étaient satisfaisantes.

Ne voulant pas rester sur l'échec précédent, je repris l'étude du reculer après un moment lorsque je sentais le cheval reprendre du plaisir à son travail. Cette fois, je redoublais d'attention pour mes aides, et je décidais de lui demander le reculer avec une encolure un peu moins relevée que tout à l'heure : je souhaitais avant tout éviter un nouveau conflit. Et là, le déclic s'est finalement produit : le cheval avait compris et gardé en mémoire que mon action de mains continue visait à reporter du poids vers l'arrière, et il amorça très vite le mouvement, avec une moindre résistance de l'encolure et de la bouche, mais toujours après le premier pas, ça coinçait de nouveau. Comprenant que le cheval cherchait à bien faire, mais qu'une gêne l'en empêchait, je décidais d'alléger encore plus mon assiette en me cambrant encore plus et en plaquant mes abducteurs à l'avant de la selle pour m'enlever un minimum (comme si le cheval allait se pointer et que j'allais devoir me pendre à son cou). Immédiatement, je sentis Varennes se délier sous moi et enchaîner plusieurs pas. J'avais réussi à lui permettre de se libérer dans son dos et dans ses postérieurs, et j'obtenais maintenant plusieurs pas. Petits certes et pas du tout diagonalisés, mais c'était plus qu'il ne m'en fallait, et je décidais de confirmer plusieurs fois cette nouvelle expérience avant de le laisser sur ce nouveau code que nous venions d'établir. A noter les points suivants très encourageants : le cheval répondait dans la cession de mâchoire et de nuque, ce qui attestait de son adhésion à l'exercice.

Au final, je pense que cette séance fut très instructive pour chacun de nous deux, et qu'elle nous permettra dorénavant d'envisager plus sereinement l'étude du reculer. A suivre ...



Les 2 jours qui ont suivi cette première séance, Varennes m'a montré qu'il avait compris les aides du reculer car à chacune de mes demandes, il a fait preuve de bonne volonté, allant jusqu'à diagonaliser son reculer, tout en gardant une cession de nuque et répondant à des aides légères. On est sur la bonne voie !!

jeudi 21 avril 2011

Cession de la mâchoire et géométrie

Depuis quelques années, j'avais acquis une certaine manière d'obtenir la cession de mâchoire. Ca consistait en général à garder les mains au dessus de la bouche, et à imprimer un contact identique des 2 rênes, si besoin en les écartant l'une de l'autre, de manière à former un triangle dont la base serait constituée par le segment reliant les 2 mains et dont le sommet serait la bouche du cheval. Si le cheval ne réagissait pas, j'augmentais progressivement le niveau de tension des rênes jusqu'à sentir le moment où, le mors remontant dans la bouche, le cheval cédait un peu dans sa nuque, puis, mes mains lui rendant alors immédiatement un contact plus doux, il pouvait déglutir et donner la cession de mâchoire.

Hier, je montais Gypsie, une jument de 17 ans qui a toujours eu de la peine à donner sa bouche. Lorsque j'arrive à la monter régulièrement, en général ses souvenirs reviennent assez vite et en quelques minutes, elle fini par me donner sa bouche correctement et à se poser sur son mors dans un contact agréable. Mais dernièrement, la jument a fait beaucoup de box, sa propriétaire n'ayant pas le temps de s'en occuper, et la jument a très vite perdu de l'état et du moral (en 2 mois). De faite, elle a d'autant plus vite oublié les bonnes manières et notamment celle de donner sa bouche, qu'elle a été monté dernièrement un peu au tout venant par quelques cavaliers du club (niveau G5) qui n'avaient pas encore la notion de ce travail. Quelle séance j'ai du faire pour arriver à la convaincre !!! La jument est vraiment dure ... Au bout d'une heure environ, j'ai enfin pu obtenir un début de travail correct, avec une jument qui se tienne dans son dos "symétriquement" et pousse efficacement des postérieurs en ayant une bouche à l'écoute de mes mains.

Qu'est ce qui manquait alors à mes demandes durant cette première heure pour que la jument résiste autant ? Quel a été l'élément déterminant au moment où celle cî a cédé ? Quelle résistance opposait-elle pour empêcher mes aides d'être efficaces ?
Voici l'analyse que j'en fais à postériori :

  1. la jument est assez fortement latéralisée à droite (son côté court est à droite). De faite, elle a facilement tendance à s'incurver à droite et à opposer du poids sur la rêne gauche en s'appuyant sur l'épaule gauche. Lorsque mes mains agissaient pour demander la cession de mâchoire, sans que je m'en rendre compte, la jument trichait en courbant légèrement son encolure vers la droite, de sorte que mes actions de mains ne se retrouvaient pas de manière égale sur ses commissures, mais s'appliquaient en faite essentiellement sur la commissure gauche de sa bouche (et d'autant mieux qu'elle portait un mors à aiguilles muni de rondelles !!! ).
  2. lorsque j'ai déplacé la base de mon triangle "mains - bouche" vers la gauche (c'est à dire en la faisant pivoter autour de la bouche dans le sens horaire) j'ai pu rétablir une action plus directe sur la commissure droite et ainsi arriver à faire remonter le mors dans sa bouche pour obtenir la cession tant attendue. Au final, j'avais un contact équilibré dans chaque rêne et je retrouvais la sensation habituelle.
En conclusion, j'ai pu compléter ma "théorie du triangle" en précisant que la hauteur du triangle (passant par la bouche du cheval) devait en toutes circonstances couper la base (formée par le segment reliant les mains entre elles) en son milieu.

Qui aurait cru que l'équitation menait directement à l'étude de la géométrie ???

Post Scriptum :
Pour compléter cette analyse, j'ajouterai certains détails (qui sont sans doute de premier ordre malgré tout ! ) qui me sont revenus en mémoire en en discutant avec une amie internaute.
J'ai travaillé essentiellement à main gauche pour encourager la jument à prendre du contact avec la rêne droite (la rêne extérieure).
Lorsque je déplaçait la base de mon triangle vers la gauche, la jument ayant horreur du contact à droite (cas classique : les chevaux qui sont fortement latéralisés rejettent en général le contact de leur côté concave), se dérobait à celui-cî en basculant la nuque vers la gauche -> nous ramenant au point de départ puisqu'alors la majorité du contact se reportait sur sa commissure gauche. Qui plus est, ses hanches se rapprochaient un peu plus du pare botte (à main gauche), tandis que ses épaules se tenaient un peu plus à l'intérieur.
Pour contrer sa défense, j'appliquais ma jambe gauche à la sangle pour lui demander de se redresser, voir de s'enrouler un peu autour, tandis que j'élevais par actions brèves et molles ma main gauche pour interdire le basculement de la nuque (rendant aussitôt que la tête s'était redressé pour revenir à un contact égal sur les 2 rênes). Ces deux actions combinées engageaient la jument à ramener ses épaules en ligne des hanches.