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mardi 19 juillet 2011

Travail à pied et flexions de mâchoire

Ce dimanche, je devais monter Varennes, mais à l'heure prévue, voilà qu'il tombait des cordes ...
Qu'à cela ne tienne, nous irions dans le rond de longe (couvert) pour goûter aux joies du travail à pied.
C'est un peu à contre coeur que je me rabattais sur cette solution mais j'avoue que je n'ai pas été déçu de cette séance.

Varennes n'a jamais connu le travail à pied, hormis si l'on veut parler de longues rênes à la rigueur, mais je parle ici du travail qui se situe à l'épaule du cheval, avec un filet et une badine.

J'ai donc démarré par de simples demandes de flexions de mâchoires comme j'ai l'habitude de lui en demander depuis quelques semaines de manière systématique avant de le monter (et avant de le ressangler). Le cheval connaît maintenant très bien ces demandes et il s'exécuta de bonne grâce.

Vient ensuite la mise au pas : je touchais préalablement le cheval sur tout le corps à l'aide de ma cravache de dressage pour m'assurer qu'il ne prendrai pas ombrage d'une simple demande de se porter en avant. Le cheval ne manifesta aucune appréhension et je demandai donc le pas avec un appel de langue joint à une petite touche de la cravache sur le flanc. La réponse fût un peu désordonnée au début, et comme je souhaitais conserver le placer qu'il avait adopté suite aux flexions de mâchoires, cela ne l'aida pas forcément à enclencher la marche de manière détendue.

Peut-être aurai-je dû être moins exigeant et me contenter de lui faire prendre le pas sur des rênes mi-longues et une encolure plutôt longue ? Toujours est-il que borné dans mon travail, j'entrepris de vouloir corriger sa direction au moyen d'une épaule en dedans un peu prononcée pour le garder sur la piste ( pas forcément la meilleure idée après réflexion ). Le rond de longe ne faisant qu'un carré d'environ 12m de côté, le fait qu'il veuille rester en piste intérieure rapetissait encore considérablement notre espace de travail et je voulais au contraire pouvoir l'exploiter au mieux. Je lui demandais donc cette épaule en dedans grâce à une main intérieure assez élevée, jouant sur la commissure des lèvres (ce qui me permettait de conserver la bouche détendue) et attirant son bout de devant un peu à l'intérieur, puis en appliquant une action de cette main en direction du garrot. Assez vite Varennes pu rester sur la piste et je diminuais l'angle du travail de 2 pistes.

Cependant, je n'arrivais encore pas à obtenir un cheval un minimum droit et le fait que je le tenais un peu trop sur la rêne intérieure n'arrangeait pas les choses. J'essayais bien d'affermir le contact avec la rêne extérieure passée en avant du garrot, mais je ne réussissais qu'à obtenir une flexion de la nuque dirigée vers l'extérieur, sans que l'axe du cheval en soit modifié véritablement.

Petit à petit, je me rendis compte qu'en utilisant ma rêne extérieure avec une action placée en arrière du garrot (ce qui impliquais que je me positionne un peu plus en arrière de l'épaule), j'attirais les hanches vers moi et le cheval prenait une direction orientée vers l'extérieur. Je me rappelais alors des différents effets de rênes décrits dans les manuels d'équitation et compris toute l'importance de la direction d'action des mains. Dirigées en avant du garrot, on peut contrôler l'avant-main, tandis qu'en arrière du garrot, on contrôle l'arrière main.
Dès lors, le cheval se décontracta et notre entente s'améliora très vite. Je me risquai même à lui demander le trot, mais ce ne fût pas franchement brillant : trop de mains sans doute, le cheval était assez hésitant dans sa foulée et franchement irrégulier.

Je demanda également des doublers sur les lignes du milieu et des changements de mains, durant lesquels je me retrouvais donc à l'extérieur du cheval et où il fallait alors le diriger dans le pli interne grâce à une action de main intérieure en arrière du garrot. On termina la séance dans une très bonne décontraction à l'exécution de tout ce travail au pas, sans chercher à retenter le trot ... Ce sera pour une prochaine fois.

Sortant du rond de longe, la pluie avait cessé de tomber et je ne résista pas à l'envie de seller Varennes pour vérifier en selle du bien-fait de ce travail à pied. Après un rapide tour de carrière au pas avec une bonne décontraction générale, je demanda le trot, mais le cheval se fit prier un peu et je dû le rappeler à l'ordre en gardant mes jambes pressées, tout en le réveillant de la cravache. Dès lors, le cheval devint comme par enchantement aussi léger que réactif et m'offrit son plus beau trot et à chaque main, comme si nous avions travaillé à cette allure depuis un bon moment. Je vérifiais ensuite le galop et je fus surpris de sa qualité.

J'étais conquis par les bien-faits du travail à pied et de la flexion de mâchoire, et me promettais de m'y astreindre plus souvent.