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lundi 6 juin 2011

De l'importance du "lâcher prise"

Ce titre assez mystique cache en faite plusieurs notions :
  • l'alternance des équilibres à demander dans le travail du cheval,
  • l'importance de la récompense entre chaque phases de travail
  • la nécessité de décontracter les ressorts du cheval avant de pouvoir les contracter, et bis repetitae, ad libitum ...
Il m'arrive régulièrement de m'enfermer dans mon travail avec le cheval : je ne vois plus ce qui se passe autour de moi, d'ailleurs mon regard est figé sur les oreilles de mon cheval, et je passe de (trop) longues séquences sur des exercices avec la tendance à un peu trop focaliser sur un point donné.

Cette attitude de travail n'est pas bonne. Je l'ai compris depuis longtemps, et pourtant, il me faut régulièrement m'astreindre à "lâcher prise". Le cheval peut travailler de longues séances, mais à condition de savoir conserver son attention par des exercices variés. Il ne sert à rien de vouloir rabâcher un exercice trop longtemps : il ne s'améliorerait pas, bien au contraire, on risque même de détériorer son exécution. Il faut sans cesse tenir compte des possibilités offertes par le niveau de dressage du cheval, et adapter nos demandes en fonction de cela. Bien sûr, il est nécessaire parfois d'avoir des exigences un tout petit peu plus grandes que celles auquel le cheval est habitué à répondre, mais alors, il faut savoir reconnaître le moindre signe de progrès ou de bonne volonté et tout en encourageant le cheval, savoir arrêter l'exercice avant qu'il ne se blase. Il est important à ce point de faire comprendre au cheval qu'on le remercie de sa bonne coopération et qu'il a le droit de retrouver un peu de calme en lui proposant une attitude plus décontractée (la descente d'encolure est toute indiquée pour cela).

De même, s'il arrive parfois qu'on travaille dans une attitude assez "contrainte" par des mains qui demandent au cheval un équilibre un peu plus sur les hanches qu'à son habitude, on s'apercevra assez rapidement qu'au final, le cheval fini souvent par s'encapuchonner. C'est alors le signe qu'on a été trop exigeant et qu'un retour dans un équilibre plus horizontal et plus décontracté s'impose. Là encore, l'extension d'encolure est la solution pour permettre au cheval de retrouver une locomotion plus naturelle, sans intervention de la main, tout en étirant sa musculature qu'il a trop fortement contracté lors du dernier exercice.

Un autre signe révélateur de mains trop pressantes est l'apparition de grincements de dents, de claquements, de jeux de mâchoires en travers. Il est alors urgent de rendre les rênes  pour un temps de travail moins contraignant, au risque de voir s'installer ces mauvaises habitudes plus durablement.

On peut également constater quand on travaille longtemps un cheval dans une attitude rassemblée, qu'il a tendance à diminuer l'amplitude de ses foulées. C'est là le signe qu'il faut déplier le cheval et vérifier sa réponse aux jambes en lui proposant d'augmenter son amplitude, en faisant des transitions montantes au sein de l'allure (allonger le pas, le trot ou le galop, selon).

Ainsi, outre les notions d'entretien de l'attention du cheval, de renforcement dans le conditionnement , on voit également qu'il est important dans la gymnastique de l'athlète d'intégrer une diversité d'équilibres, d'attitudes, qui permettront d'atteindre de meilleurs résultats dans le respect de son appareil locomoteur. On peut d'ailleurs très bien proposer un travail de 2 pistes dans diverses attitudes : le Dr Pierre Pradier en est d'ailleurs le fervent défenseur aujourd'hui lorsqu'il prône ce travail en extension d'encolure. Il affirme même que c'est dans cette attitude que le cheval pourra intégrer dans son inné locomoteur, le travail de 2 pistes.

J'ai pour ma part constaté aujourd'hui les bien-faits de l'épaule en dedans en descente d'encolure. Varennes a toujours eu plus de mal à engager son postérieur droit que le gauche, et de faite, avait beaucoup de difficultés à offrir une épaule en dedans à droite qu'à gauche. En lui demandant cet exercice en descente d'encolure, il a pu construire son déplacement latéral tout en conservant un bon engagement du postérieur droit et une bonne cadence (pas puis trot). Le fait de toujours me laisser porter par le cheval m'a également permis de mieux utiliser mes jambes et mon assiette.

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