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vendredi 30 mars 2012

Longues rênes et extérieur

Suite aux nombreuses déconvenues que j'avais connu avec Varennes puis Garance en carrière, je n'avais jamais retenté le travail en carrière aux longues rênes. Cet hiver, avec le froid et le gel, l'étroitesse du tond de longe m'a très vite barbé et j'ai osé me lancer dans l'aventure aux longues rênes en extérieur. Je dis bien osé car ça n'est pas à la portée de tout le monde et même avec un cheval et un meneur rôdés, on peut toujours avoir de mauvaises surprises.

Pour limiter les risques, j'ai commencé par abandonner l'usage du surfaix. En effet, celui cî m'est apparu comme dangereux à de nombreux points de vue lorsque le cheval panique. En effet, quelque soit le montage des rênes utilisé, son usage présente des inconvénients :
  • montage en rênes partant de l'embouchure et passant dans le surfaix : l'effet direct des rênes "coinçant" le cheval qui panique augmente la frayeur du cheval et n'a aucun effet intéressant pour contrer la fuite. Bien souvent, le cheval commence par faire face à son dresseur en cas de problème. L'effet des rênes dans les passants est alors inopérant car la meilleur solution pour reprendre le contrôle du cheval serait de le ramener à nous pour pouvoir contrôler sa tête (rêne d'ouverture sur le cercle), hors, les rênes directes n'ont pas cet effet ... et si les problèmes persistent, il peut carrément se saucissonner dans les rênes.
  • montage en rêne intérieur partant du surfaix et coulissant dans l'embouchure : c'est bien pour incurver le cheval en cas de défense sur la rêne intérieur, mais que se passe-t-il si le cheval tourne de l'autre côté ??? De même, si le cheval se met face à nous et recule frénétiquement, nous n'avons plus aucun effet sur la tête et le cheval nous treuil très facilement grâce au surfaix.
  • montage avec 2 rênes partant du surfaix et coulissant dans l'embouchure : cet effet coulissant sur la rêne extérieure est des plus néfaste car il encapuchonne le cheval, ce qui va à l'encontre de son bon fonctionnement et de l'équilibre recherché.
Ainsi, j'en suis venu à la conclusion que la seule façon de pouvoir garantir un contrôle de la situation en cas de panique était d'utiliser les longues rênes librement, sans surfaix, uniquement tendues en ligne droite par le cheval en exercice et par l'ajustement permanent du meneur. Certes, ceci comporte d'autres risques, comme la prise de longe avec des rênes qui traîneraient au sol, ou le fait que le cheval marche sur l'une d'elle, s'infligeant ainsi un coup  par l'intermédiaire de l'embouchure.

Pour prévenir d'éventuels accoups par l'embouchure, je me limite dans l'utilisation des longues rênes avec pour seule embouchure le bitless de ma fabrication. Contre les prises de longe en revanche, je compte sur l'extrême vigilance du meneur pour les éviter, mais sur les 2 précédents mois, cela n'est arrivé que 2 fois, et à chaque fois, le cheval s'est arrêté gentiment sur mon ordre, attendant calmement que je lui prenne le pied.

Le gros avantage de cette technique est qu'il est toujours possible de gérer les débordements d'un cheval trop frais en le prenant systématiquement sur la rêne intérieure à son mouvement, tout en veillant à laisser filer abondamment la rêne extérieure en cas de défense. On se retrouve alors dans le cas de figure du cheval en longe, et il est généralement facile de l'amener à réduire sa vitesse en réduisant la taille du cercle, puis éventuellement en l'amenant dans le pare-botte, si ceci ne présente pas trop de danger (vitesse raisonnable du cheval et impossibilité de le sauter par exemple).

J'ajoute qu'il est possible de limiter les inconvénients du surfaix en utilisant plutôt le passage des longues rênes dans les étriers battants d'une selle, si l'on juge que le risque de prise de longe est trop grand. On bénéficierait alors tout de même d'un effet suffisant de rêne d'ouverture si le cheval venait à paniquer et à tirer.

Quoi qu'il en soit, avant de penser aux longues rênes en extérieur ou en carrière, il est primordial que le cheval ait appris à tourner en longe en carrière et ait acquis le conditionnement  nécessaire à la manipulation en longe. Le pire à craindre aux longues rênes étant le cheval qui fait volte face et change de main en vous regardant, car alors il se retrouverait saucissonné, et vous sans contrôle possible sur lui. C'est pourquoi il est bien évident que le placement du longeur est capital, il va sans dire que sa position doit toujours être située en retrait par rapport à la trajectoire du cheval, pour s'assurer de ne jamais lui barrer la route.

Débuts de diagonalisation aux longues rênes

En ce début d'année 2012, il a fait très froid. La carrière étant enneigée et impraticable (gelée), pendant plusieurs semaines, les chevaux ont été sortis dans le rond de longe couvert. Certes, l'étroitesse des lieux ne se prêtait pas à un travail monté, mais qu'à cela ne tienne, il était surtout question de dégourdir les jambes de nos chers compagnons. Varennes avait pris l'habitude de se défouler dans le rond de longe, puis de travailler en liberté, répondant parfaitement à mes ordres aux trois allures. Je décidais donc de faire contre mauvaise fortune bon coeur et de mettre à profit ce temps de relâche pour non pas travailler la condition physique du cheval, mais au moins entretenir ses connaissances en dressage. Je me tournais donc à nouveau vers les longues rênes.

Je dois également ajouter qui plus est, que le cheval avait la peau du garrot fragilisée, suite à une plaie qui s'était infectée, à cause du frottement de ma selle ... Le cheval étant tondu et par conséquent couvert par 2 épaisses couvertures, cela n'aidait pas vraiment à la cicatrisation et la plaie empêchait de toutes manières un quelconque travail monté.

J'ai donc entrepris de remettre Varennes aux longues rênes. Celui ci s'y était toujours bien accommodé dans le rond de longe, mais posait essentiellement problème au moment des changements de mains, lors-que je disparaissais derrière sa croupe et que le contact s'interrompait avec la rêne intérieure au profit de la demande de changement d'incurvation. Le cheval avait tendance à se précipiter en fuyant. J'ai pu venir à bout de ce problème en quelques séances au pas, en travaillant les 8 de chiffre le plus calmement du monde.

Le cheval se faisant de mieux en mieux au fait d'être commandé depuis l'arrière, j'ai pu commencer à pousser un peu plus le travail "rapproché" (toujours en me tenant à bonne distance d'un éventuel coup de pied, ce qui pouvait arriver lorsque je manquais de tact avec le stick pour lui demander plus d'impulsion). J'ai ainsi pu commencer à lui apprendre l'épaule en dedans, et très vite, je me suis aperçu du bien-fondé de cet exercice miracle ... Le cheval qui d'ordinaire se tenait toujours très sur les épaules, commençait à se relever d'avantage à chaque séance et tout en maintenant un bon pas, progressait vers plus de rassembler.

J'ai ensuite incorporé au travail des demandes de reculer que le cheval commence à bien connaître au monté, ce qui lui a permis de comprendre l'ordre très vite. Je prenais garde dans cet exercice que le cheval ne s'appuie pas constamment sur la main, et pour cela, mes demandes consistaient en plusieurs petites tractions molles et relâchées sèchement pour que le cheval se tienne dans son reculer. Grâce au reculer, j'ai obtenu plus de report de poids vers l'arrière et un remarquable abaissement des hanches. Je veillais en revanche à ce que le cheval reparte franchement au pas ou au trot après quelques pas de reculer.

L'étape suivante a été de commencer la diagonalisation. Pour cela, je mettais le cheval en légère épaule en avant, et tout en le ralentissant davantage jusqu'à ce que le poser de ses membres se fasse par diagonaux. Une fois cette attitude obtenue, je lui demandais un peu plus d'impulsion de la voix en mimant le bruit de baisers, puis en le pressant un peu du stick si besoin, jusqu'à ce qu'il se mette à sautiller un peu. Dès lors, j'interrompais ma demande et le félicitais chaleureusement, lui proposant même un peu de pain pour le marquer un peu plus. Lorsqu'il a eu bien compris ce nouvel ordre, je le félicitai dès lors qu'il avançait au trot sur indication de la main, juste après la diagonalisation. Au début, je me contentais qu'il se porte en avançant au trot rassemblé, puis à mesure des jours, je demandais toujours plus de rassemblé et des foulées de plus en plus raccourcies. Si le cheval repassait au pas sans mon indication, la badine le rappelait gentiment à l'ordre. il fallait faire très attention aux coups de pieds car il est arrivé plusieurs fois que les sabots me frôlent.

En ce qui concerne le toucher de la gaule, j'avais constaté qu'en le titillant juste en dessous des jarrets, le cheval engageait très fort ses postérieurs, ce qui évidemment améliorait son équilibre. En relisant un livre de Michel Henriquet sur le travail à pied, je notais également que le toucher devait avoir lieu juste avant le poser du membre.

Assez vite, le cheval se mis à vousser son dos puissamment dès qu'il entendait les bruits de baisers, et à diagonaliser. Il fallait évidemment toujours s'attacher à diminuer la longueur des foulées, pour rechercher une diagonalisation de plus en plus proche du piaffer.

Un des problèmes que j'ai très vite rencontré était que ses battues n'étaient pas régulières. J'entends par là que le rebond des deux diagonaux n'était pas aussi bon ... Le diagonal droit (postérieur gauche) semblait beaucoup plus faible, presque sans rebond certains jours. Pour autant, lorsque je faisais monter la pression, le cheval se comportait mieux. Je suppose que c'était dû au problème de latéralisation du cheval, il s'engage mieux à gauche mais pousse mieux de la droite. Pour remédier à cela, j'ai décidé d'utiliser un exercice de transitions piaffer - trot - piaffer - trot. Une fois que Varennes a eu bien compris ce que j'attendais, je me suis attaché à lui demander les transitions vers le trot de manière à ce qu'il se pousse sur le diagonal droit lors de la battue de départ du trot. Cet exercice a permis d'améliorer la poussée du diagonal droit et par conséquent son rebond dans le piaffer.

Il faut également préciser que toutes mes demandes de diagonalisation en place ont été effectué sur la piste, pour profiter de son rôle canalisateur. Au niveau de la main, afin d'éviter que le cheval ne s'appuie ou ne force la main lorsque je mettais du gaz, mes actions étaient simultanées à gauche et à droite, par petites tractions molles et relâchements très secs. En gros, j'ai établi sensiblement le même code que pour le reculer, mais avec plus de finesse. Assez vite, j'ai pu constater que mes demandes étaient tout aussi bien comprises lorsque je tenais les 2 rênes dans la même main. Ainsi, j'ai pu tenir les rênes et le flot dans la main externe et le fouet dans la main interne.

Pour donner un repère, ce travail a duré un peu moins de 2 mois, et à l'issue duquel, le piaffer commence à se dessiner à raison de 3 séances par semaine.