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dimanche 16 mai 2010

Le poulain accepte le licol

Je suis aux anges ce soir ! Le poulain accepte de porter le licol !!! bounce cheers coupe

Après avoir passé pas mal de temps à le grattouiller, j'ai voulu continuer de le désensibiliser au licol en lui frottant sur tout le corps. Monsieur est pourtant encore très timide avec ce nouvel instrument et régulièrement, il m'échappe. Jusque là, je n'avais jamais trop insisté et je lui autorisais de fuir quand il avait trop peur. Mais aujourd'hui, je me suis un peu impatienté et j'ai voulu m'imposer un peu plus que d'habitude. Le poulain ayant appris à respecter mon espace, je l'ai bloqué contre un mur du box en réglant sa fuite en lui barrant la route devant et derrière à chaque tentative. Le poulain, tout surpris me regardait alors d'un air interrogateur.

Je lui laissais un peu de temps pour qu'il se rende compte que je ne comptais pas lui faire de mal, mais que s'il bougeait, je m'opposerai à son mouvement. J'ai pu ainsi m'approcher avec le licol et commencer à le frotter sur tout son corps, puis progressivement, j'ai insisté sur son encolure et de mes 2 bras, j'ai commencé à l'enlacer tout en le grattant, pour simuler le moment où je passerai la têtière du licol. Puis de même, mais avec la têtière du licol. J'ai alors pu boucler le licol juste comme un licou autour de l'encolure. J'étais déjà très satisfait et je lui ai laissé quelques moments de repos pour qu'il se familiarise avec cet objet sans plus de contrainte. Curieusement, je m'attendais à ce qu'il panique un peu, mais il n'en fut rien et il affichait même plutôt un air amusé !!!

De là, tout est allé très vite, j'ai retiré le licol et repassé encore une bonne dizaine de fois le tour de cou, juste pour confirmer, et très vite, j'ai pu lui enfiler la muserolle sur son petit nez de curieux. Là encore, je lui ai laissé du temps et je l'ai récompensé avec un peu de pain sec. Le temps de recommencer l'opération une bonne dizaine de fois, histoire de confirmer que ce n'était pas un coup de bol et je l'ai quitté en lui laissant le licol.

Ca n'aurait tenu qu'à moi, je lui aurais enlevé le licol, mais sa propriétaire a été tellement contente des progrès qu'elle a pensé qu'il serait bien de lui laisser pour qu'il s'habitue un peu plus. N'ayant pas trop d'idées arrêtées sur le sujet, j'ai décidé de faire plaisir à sa propriétaire. J'espère que ce n'était pas une mauvaise idée ... Le risque étant bien sûr qu'ils veuillent se mettre à le conduire trop rapidement à la longe sans prendre soin de l'éduquer à céder à la pression avant qu'il ne se trouve en situation de panique et qu'il se sente soudainement prisonnier ...

Bref, je me fais peut-être trop de soucis, on verra très vite dans quel sens ça évolue maintenant, mais je n'avais de toutes façons pas le temps d'aller plus loin pour aujourd'hui, donc la conduite en main sera pour une prochaine fois. A moins que j'arrive après la bataille cette fois cî ?

samedi 15 mai 2010

Le poulain se laisse approcher

Aujourd'hui j'ai encore passé une bonne grosse heure avec le poulain, et j'ai pu constater des améliorations. Il n'a maintenant plus de mouvement de fuite quand je m'approche de lui par devant. Il accepte immédiatement les caresses sur toute la tête et franchement, même lorsque je le gratte des deux mains à la fois. Du point de vue de la distance de sécurité qu'il veillait à conserver auparavant, elle s'est considérablement réduite : j'arrive maintenant à appuyer mon épaule contre son épaule, et il ne s'effraie plus lorsque je bouge mes pieds dans la paille.

J'ai même réussi à lui faire enrouler l'encolure autour de mon épaule en lui caressant le chanfrein des deux mains. Il réagit plutôt bien à mes demandes pour lui faire déplacer la tête car j'agis de manière discontinue, à mesure de mes caresse. Ainsi, lorsque je veux lui faire approcher la tête de moi, je vais lui caresser la joue du côté opposé et à chaque caresse, j'appuie un peu sur la joue dans ma direction le temps de la caresse et je relâche pour remonter ma main. Il ne se sent ainsi pas prisonnier de ma main et même s'il résiste le temps de la caresse, il est déstabilisé lorsque j'enlève ma main et progressivement se laisse aller.


J'ai également eu l'occasion de me trouver avec lui dans le box au moment de la distribution du repas de 13h. Là plus question de s'occuper de moi : il voulait absolument se ruer sur sa ration. Je me suis dit : "tiens tiens, voilà une excellente occasion d'exercer ma dominance". Je lui ai alors barré la route tant qu'il ne se laissait pas approcher pour continuer la séance de papouilles. Une ou deux fois, alors que je continuais les caresses, il a tendu son bout du nez dans l'auge pour y voler quelques granulés et se sauver comme un chenapan, alors que je ne le lui reprochais pas. Il a ensuite très vite compris qu'il pouvait accéder à la mangeoire, mais que j'avais toujours le droit de m'approcher de lui. J'en ai alors profité pour continuer à le caresser en tous sens. La difficulté pour lui à ce point était qu'il était moins disposé à se laisser caresser car il ne pouvait pas à la fois focaliser son attention sur mes gestes et sur ce qui le préoccupait au plus haut point : la bouffe !
Par contre, le poulain devait se sentir en concurrence car il avalait sa ration comme un lion : à grands coups de dents dans le fond de l'auge, comme s'il avait peur que je lui prenne ... Bref, apparemment il a depuis bien digéré ce repas tout de même, mais ça m'embêtait quand même un peu qu'il ne soit pas plus détendu ... Ce sera pour la prochaine fois peut-être ?

Un moment après je suis revenu pour lui présenter un peu plus le licol et s'il s'est encore effarouché quand je l'ai caressé avec, j'ai pu vite regagner sa confiance en allant le caresser de la main, car il ne la craint plus.

Ah oui !!! Et encore une autre remarque qui me conforte dans l'idée qu'on est dans la bonne voie ...

Comme je l'avais mentionné dans ma première séance avec le poulain, j'avais mis en place le fait que lorsque je le poussais par l'arrière main, le poulain devait fuir ma pression. Par la suite, j'ai également travaillé sur l'attraction du bout de devant lorsque je lui tends la main (c'est un code facile à mettre en place car il suffit de lui tendre quelques friandises et il associe très vite cette main tendue comme une gentillesse).

Et bien hier, j'ai pu faire un mixe des deux pour [b]récupérer son attention[/b] lorsqu'il me fuyait par exemple lorsque je lui présentait le licol. Dès qu'il avait tendance à me présenter ses fesses, je pointais ma main située la plus près en direction de sa croupe en faisant claquer mes doigts et si besoin en lui adressant un "hé alors ???". Le poulain faisait quelques pas dans le boxe et me faisait à nouveau face, signe qu'il conservait son attention sur moi.

J'ai pu expérimenter celà à plusieurs reprises et j'ai été surpris de constater le nouvel intérêt qu'il me portait, malgré les quelques gênes qu'il peut ressentir quand je lui présente de nouveaux objets comme un licol.

Ceci dit, il n'a maintenant plus de panique dans ses fuites. Simplement j'ai l'impression qu'il prend du recul pour mieux "analyser" les choses. C'est plutôt rassurant car à certains moments, quand il me présentait sa croupe en coup de panique, menaçant de décocher une ruade, je n'étais pas très à l'aise dans les 9m² du box ...

C'est un régal de voir petit à petit ce poulain se familiariser avec l'homme. Vivement la suite ...

samedi 8 mai 2010

Rôle de l'assiette

Lorsque j'étais ado, je montais un cheval de propriétaire nommé Sourire. J'étais parvenu avec lui à une superbe entente et j'avais noté dans mes cahiers que mon assiette y jouait un rôle prédominant. Après mes études, je suis parti à l'armée, puis ai quitté ma région originelle pour me lancer dans la vie active. J'ai alors connu une période d'environ 2 ans durant laquelle je ne montais plus qu'épisodiquement, voir de manière tout à fait anecdotique. Le cheval a lui aussi suivi sa route et est parti à la retraite. Lorsque j'ai finalement repris l'équitation, ce fut avec de jeunes juments en demi-pension, qui avaient tout à apprendre et moi tout à réapprendre. C'est fou comme on perd vite son niveau quand on s'arrête. Depuis, je n'avais jamais eu l'occasion de retrouver cette sensation de diriger mon cheval par l'assiette. C'est pourtant ce qui m'est arrivé dernièrement, alors que je change régulièrement de monture et que ce sont autant d'expériences qui me permettent de valider mes impressions sur les techniques que j'emploie.

Gypsie est une jument qui a pris un peu l'habitude cet hiver de se jouer de sa cavalière, et elle m'avait demandé de la reprendre un peu en main. Au printemps, les vaches sortent dans les prés et Mademoiselle n'apprécie guère. Lorsqu'elle est en carrière et qu'elle aperçoit quelques charolaises dans le pré d'à côté, elle réagit en se mettant en pagaille et en essayant de détaler. Pour l'en empêcher, une seule solution, la mettre dans le pli évidemment pour finir par la mettre sur une très petite volte (quasi sur place). J'arrivais plutôt bien à la garder incurvée, mais je m'étonnais de ne pas parvenir à lui faire chasser les hanches en dehors de la volte, chose que j'avais vu pratiquer autrefois avec beaucoup d'efficacité par des professionnels. En cherchant, je compris qu'il me manquait la bonne orientation du bassin !!!

Les jours suivants, je montais Neptune, un grand SF qui est spécialiste de "l'échappée façon anguille". Celui-cî a beaucoup de mal à se déplacer dans la rectitude, et cherche toujours à échapper au contrôle en se désengageant de l'arrière. Le fait qu'il soit hyperlaxe n'aide en rien à cette situation car il nous berne et malgré qu'on ait souvent l'impression qu'il fonctionne en étant droit, il est en faite très souvent désengagé. Pour régler le problème, je m'efforçais de l'amener dans des plis prononcés aux 2 mains, en épaule en dedans sur le cercle afin de m'assurer qu'il n'échappe pas à mes aides en simulant un début d'incurvation. Il me fallait par contre veiller à ce qu'il ne rétrecisse pas trop son cercle, et je cherchais à trouver l'assiette qui me permette de conserver le cheval dans la descente des aides, tout en veillant à ce qu'il reste sur sa trajectoire sans perdre le pli que je lui avais demandé. C'est alors qu'après quelques essais infructueux, par tâtonnement, je me suis rappelé de la sensation que j'avais eu sur Gypsie pour lui faire chasser les hanches en dehors du cercle et je décidais d'essayer. Et là ce fût le révélation : Neptune compris instantanément mes aides et se plia littéralement autour de ma jambe intérieure pour déclencher un superbe mouvement d'épaule en dedans sur le cercle, sans que j'ai à fournir plus d'indications que des aides très légèrement positionnées et surtout en accord avec l'orientation de mon bassin.

En quelques jours, j'établis avec Neptune un code d'assiette qui nous permis de forger une entente encore plus solide.

Vous me direz : "il nous bassine avec son bassin, mais on ne sait toujours pas où il veut en venir et surtout comment il compte y arriver" !!! Et vous avez raison : je me suis attaché jusque là à décrire la progression qui m'a permis de découvrir de l'importance de cette aide si précieuse, mais je n'ai encore rien dévoilé de sa mise en oeuvre ... Bon, alors je vais me lancer, mais à vrai dire, je ne sais pas trop par quel bout commencer. Allez donc décrire une posture dynamique au travers de sensations toutes personnelles, qui soit applicable aux 3 allures et sur laquelle vous n'avez jamais rien ni lu, ni entendu parler, et vous comprendrez mon embarras !

La première sensation que j'ai lorsque j'applique cette orientation du bassin, n'est en faite pas liée au bassin, mais plutôt au col de mon fémur intérieur. J'ai l'impression d'avancer celui cî dans la selle pour que mon aisne vienne se plaquer quasiment contre le côté du pommeau de la selle. Musculairement, j'ai la sensation de contracter les adducteurs de ma jambe intérieure, voir un peu plus haut, jusqu'au début de la fesse, tout en mettant une petite tension au niveau des ischio-jambiers de la jambe extérieure. Celà se traduit par une avancée de ma hanche intérieure et un reculement de ma hanche extérieure. Je peux conserver cette position aux trois allures et au trot enlevé aussi bien qu'assis, l'essentiel est de toujours bien sentir que la face interne du col du fémur est bien plaqué contre le côté intérieur du pommeau de la selle.

En analysant un peu la situation, lorsque j'applique cette technique, j'oriente mon bassin à l'inverse du pli demandé au cheval. C'est à dire qu'en demandant un pli à l'intérieur au cheval sur un cercle, mon bassin s'oriente lui "face" dirigée vers l'extérieur du cercle.

L'étude de cette technique sera bien sûr à compléter lors de mes prochaines expériences, mais les bases en sont ici posées et me permettront peut-être de mieux comprendre l'interaction qui s'opère entre l'orientation du bassin du cavalier et l'attitude adoptée par le cheval.

Embarquement immédiat

Le samedi 27 mars (désolé ça date, mais je n'avais pas encore publié ce brouillon), je montais le cheval d'un copain pour la première fois, un grand SF hyper balaise et qui a une réputation d'embarqueur. Son proprio le monte en pelham et il a pas mal progressé depuis qu'il l'a acheté (il a 12 ans), donc il envisage de repasser un jour au filet. Comme je ne suis pas fan de ces mors, je me suis dit que j'allais tenter le coup en filet puisque je le travaillais en carrière.

Et bien au premier galop, je n'ai pas été déçu et je me suis fait embarquer comme un débutant. Le cheval s'était mis petit à petit sur les épaules, nous étions en cercle à main droite et quand j'ai voulu le rééquilibrer par des demi-arrêts, il en a profité pour s'appuyer de plus en plus, jusqu'à se faire une peur panique. J'ai bien du faire au moins une douzaine de cercles de 20m en complète perdition avec un cheval qui se couchait dans les virages et impossible à appaiser .

Quand finalement j'ai réussi à le ramener à la raison (la seule solution que j'ai trouvé a été d'abandonner la rêne gauche et de m'efforcer de le plier sur la rêne droite, au point que le mors de filet lui a traversé la bouche !!! ), je suis repassé au pas et je lui ai laissé le temps de reprendre ses esprits. J'ai repris ensuite le travail en veillant à toujours le garder très relâché , dans un contact léger et avec une encolure étendue : c'est le seul moyen avec ce genre de chevaux qu'ils ne s'appuient pas et de pouvoir conserver la possibilité de les ployer (logique : plus l'encolure est étendue, plus on a de bras de levier dans nos actions de mains unilatérales).

On a finalement fait une super séance : le cheval était dans la main en simple filet et dans un contact aimable, acceptait de se livrer aux trois allures en équilibre. J'ai également pas mal insisté pour qu'il se tienne droit sur ses 2 épaules. C'est à dire qu'il a une tendance naturelle à charger l'épaule gauche, donc par des demi-arrêts sur la rêne gauche, je remettais du poids sur l'épaule droite. J'ai aussi pas mal insisté sur les contre-épaules en dedans et les travers qui sont des exercices qui mettent les chevaux sur les hanches.

Petit poulain devient curieux

Voilà quelques nouvelles du front ...

Je suis super content d'avoir su éveiller sa curiosité. Certes il y a encore beaucoup de chemin à faire pour consolider sa confiance, mais je vois dans son oeil qu'il s'intéresse à moi, il vient me renifler du bout du nez sans arrêt pour voir s'il n'y a pas quelque chose de bon dans mes mains. A ce sujet, je me garde bien de lui apporter des friandises à chaque fois que je viens le voir car c'est un mâle et encore plus qu'avec une femelle, il faut se méfier de ne pas trop l'habituer à réclamer avec la bouche ...

Aujourd'hui j'ai laissé tombé ma technique de le faire bouger, je trouvais que ça le désorientait un peu et qu'il ne comprenait pas forcément pourquoi je le chassais alors qu'il avait déjà peur de moi. Je pense néanmoins que cette technique a eu le mérite au début d'éveiller son attention, afin qu'il se rende compte que l'homme pouvait avoir une influence directe sur lui. Je pense également qu'au niveau sécurité, cela m'a permis de poser les bases du respect, il sait maintenant que s'il tentait de m'intimider, il serait immédiatement remis à sa place.

La séance d'aujourd'hui m'aura été très profitable dans ma compréhension de son état d'esprit. J'ai remarqué, maintenant qu'il s'intéresse à moi, qu'il acceptait plutôt bien les caresses sur la tête, dès lors qu'il venait vers moi. Je m'efforçais donc de déclencher son approche en lui tendant une main. Maintenant qu'il a le souvenir que ma main peut lui apporter des friandises, il est tenté de venir la renifler. Je peux alors commencer à le grattouiller sur la tête en allant très progressivement. S'il fait mine d'ouvrir la bouche et de mettre les dents, un "NON" sec suffit à lui faire comprendre que c'est interdit.

Une fois qu'il est proche de moi et que je peux lui caresser la tête, je retire ma main en faisant mine de reculer, comme si je voulais lui laisser le temps de comprendre que ce n'est pas parce que je suis à côté de lui que je vais l'agripper tel un prédateur. Je reviens à nouveau vers sa tête et poursuis les grattouilles en essayant d'aller toujours plus loin en direction du garrot. Régulièrement, je reviens en arrière, voir carrément je m'écarte de lui. Et je reviens au point où j'en étais. La technique d'approche et retrait est très intéressante car elle laisse au poulain le temps d'analyser que je ne suis pas un danger pour lui. Un autre avantage certain est qu'elle me permet d'arriver à atteindre directement après un retrait, des zones que je ne pouvais pas approcher franchement auparavant.

Ce matin, après avoir procédé ainsi pour pouvoir le caresser sur tout le corps avec la main, des 2 côtés, j'ai pu commencer à lui présenter la corde. J'ai démarré en la tenant pendante dans ma main et en avançant ma main vers sa tête. Dès qu'il faisait mine de venir la flairer, je retirais un peu ma main. Ca l'incitait à prendre un peu plus confiance et à venir plus franchement dessus. En très peu de temps, je pouvais le grattouiller avec mes doigts sur le front, en laissant pendre une boucle de la longe sur sa tête, sans qu'il s'en inquiète. Approche, retrait, approche, retrait, j'ai terminé ma séance en pouvant lui caresser l'encolure en ayant la corde dans la main.

C'en était suffisamment pour aujourd'hui et j'étais très satisfait de notre nouveau code de communication mis en place.

J'ai hâte de pouvoir continuer ...

dimanche 2 mai 2010

A jument rebelle, poulain farouche

J'ai passé mon WE à essayer d'amadouer un poulain d'1 an qui ne se laisse même pas passer le licol. Je suis un peu blasé, le mal est plus grave que ce que je pensais.

Sa mère est une jument caractérielle, elle est désagréable au possible dès qu'on approche de son boxe, couche les bananes, charge les dents en avant, etc. Du coup le propriétaire n'a jamais pu vraiment approcher le poulain. C'est un poulain avec de très bonnes origines de saut d'ailleurs, et son but est pourtant de le vendre par la suite, mais il ne s'est jamais donné la peine de l'apprivoiser. Résultat, à l'automne dernier, ils ont rentré poulain et jument au boxe et ils ont passé l'hiver ainsi sans pouvoir approcher le poulain. Au début de l'année (en février), la jument a changé de boxe pour sevrer le poulain. Gros hic : du coup le poulain ne sort même plus au rond de longe, il est condamné à rester cloisonné dans son boxe.

Les proprios ont bien essayé de lui passer le licol, mais l'animal ne se laissait même pas caresser alors penser lui passer un licol c'est une autre paire de manche !!!
Bref, ils ne savent plus trop quoi faire, et ils commencent à penser à l'attraper au lasso pour lui passer un licol de force !!!

Apprenant celà, j'ai proposé mon aide pour essayer de l'apprivoiser un peu par la méthode douce. J'ai commencé jeudi soir, vendredi, je lui ai fait 2 bonnes séances entrecoupées par une pause d'1h30 (le temps de monter un cheval), et samedi, j'ai passé 2 grosses heures avec lui au boxe. Bref, on peut dire que j'ai mis le paquet, mais pourtant, le trouve les résultats bien maigres ...

Par moment j'arrive à l'intéresser et il vient me lécher les mains (il n'arrête pas) : c'est déjà énorme car jeudi, il était comme autiste. J'ai obtenu ce résultat en lui demandant de bouger en le poussant par l'arrière (comme on pratique en longe, mais dans les 12 m² du boxe) tant qu'il ne s'intéressait pas à moi. Puis j'arrêtais de le pousser après 1 ou 2 tours et je vérifiais s'il me regardait. Celà se produisait presque à tous les coups. Alors je lui tendais un morceau de pain pour l'inciter à faire un pas vers moi. Dès que je perdais son attention, je lui redemandais de bouger. A plusieurs reprises, il a paniqué au début, mais maintenant, il sait ce qu'il a à faire et comprend que je ne l'agresse pas quand je lui demande de bouger.

Du coup, par moments, j'arrive à le caresser, le grattouiller sur tout le corps et les membres pendant de longs moments. Mais toujours en restant au moins à 80cm de lui ... Dès que je franchi les 80cm, il me glisse des mains comme du savon !

J'ai déjà réussi à lui frotter le corps avec le licol roulé en boule et même à lui faire passer la corde sur le dos et l'encolure. Mais un geste de trop, un bruit suspect et pfiouuuttt : plus personne.

Bref, c'est vraiment un travail ingrat, alors qu'il aurait été si facile de s'y prendre un peu chaque jours depuis le début ... La jument aurait bien sûr mérité qu'on s'intéresse à son cas avant de la faire pouliner : ça aurait permis de pouvoir manipuler le poulain sous la mère ...

Sinon d'un point de vue génétique et élevage, c'est souvent comme ça en France, on privilégie à fond le pédigree et un peu le modèle, alors que le caractère des chevaux est à mon sens responsable à hauteur d'un gros 70% des performances sportives d'un cheval. Enfin concernant l'éducation des poulains, je pense qu'on commence à y accorder de plus en plus d'intérêt depuis la vogue des chuchoteurs (et c'est une de leur grande vertu), mais sans doute pas encore assez ...

lundi 8 mars 2010

Exercices aux longues rênes

Les longues rênes sont un outil formidable quand elles sont pratiquées avec raisonnement. Ainsi, Philippe Karl décrit la progression qu'elles permettent dans l'étude du piaffer. Cet air résultant de la diagonalisation des membres du cheval, le reculer et le trot étant deux allures diagonalisées, l'une dirigée vers l'avant, l'autre vers l'arrière, il est possible d'atteindre le piaffer en demandant alternativement des départs au trot et des reculers. Le principe étant de commencer avec des demandes relativement espacées (dans l'espace et le temps), et à mesure que la perméabilité du cheval se manifeste, on peut demander des transitions plus rapprochées, et donc des distances de parcours plus petites. Par cette progression, il arrivera un moment où le cheval atteindra une diagonalisation quasi en place (on autorisera un très faible déplacement au début pour arriver à rester en place), où le cheval se trouve assis sur l'arrière main, dans l'attitude du piaffer. Cet équilibre très rassemblé et proche des postérieurs est atteint grâce au report de poids qui intervient dans le reculer. Il est par contre primordial que le cheval travaille dans une obsession permanente du mouvement en avant. On termine toujours l'exercice par une remise en avant au trot de travail.

Je n'ai pas encore eu l'occasion de mettre un cheval au piaffer, mais cette approche me parait très séduisante, et j'ai tenté de l'appliquer à Garance. En une séance, j'ai été impressionné de la progression dont elle a pu faire preuve, et j'ai ainsi pu l'amener à conserver un petit trot très rassemblé que je ne lui connaissait pas monté. La jument ayant une petite tendance à fainéanter j'ai pu l'animer très facilement en lui faisant battre très légèrement les rênes contre les flancs et les cuisses. La jument étant par contre assez craintive, elle avait alors tendance à se jeter en avant. En fermant immédiatement après mes mains sur le bitless, elle s'asseyait vraiment dans son trot.

Un autre exercice auquel je porte beaucoup d'intérêt est l'extension d'encolure. Je la pratique au monté avant chaque séance de travail, durant la détente et après la séance, durant le séchage du cheval. J'ai déjà pu expliquer que je l'obtenais au monté en appliquant un contact dirigé vers le haut de la bouche pour demander préalablement la cession de mâchoire, puis en autorisant le cheval à avancer sur son mors et vers le bas. Pour l'obtenir aux longues rênes, je commence par mettre le cheval sur un petit cercle (Neptune m'a permis de mettre au point cet exercice), en étant positionné tout à fait derrière les postérieurs, puis quand le cheval s'incurve correctement, lui demander le départ au trot, et lui laisser filer les rênes entre les mains pour qu'il rejoigne le cercle de 10m. C'est alors plutôt le principe du peignage des rênes qui entre jeu ici, mais je trouve que cette technique permet de bien orienter le cheval, tout en l'élongant dans sa ligne du dessus.

dimanche 7 mars 2010

Déboires aux longues rênes en carrière avec Garance

Jusque là, j'avais surtout pratiqué les longues rênes en rond de longe, et les choses étaient relativement simplifiées par le fait que l'endroit était clos et ne permettait pas d'autres distractions potentielles vers l'extérieur pour les chevaux. Ceci est très bénéfique pour l'éducation des chevaux aux longues rênes, mais celà ne représente pas la réalité du terrain, lorsque les chevaux sont ensuite confrontés aux perturbations possibles d'autres environnements plus vivants comme la carrière.

Avec Garance, qui commence à être bien mise aux longues rênes en bitless dans le rond de longe, je me suis risqué depuis 2 jours à la sortir en carrière. Il m'est très vite apparu évident que de nouvelles difficultés allaient se profiler à l'horizon. La jument qui est un peu sur l'oeil de nature (bien que très assagie avec l'âge : 15 ans), était beaucoup moins en avant et plus flottante qu'à l'accoutumée. Je commençait par lui demander de décrire des cercles au pas autour de moi (pas exactement en faite, disons plutôt que je parcourais en même temps qu'elle, le cercle sur une piste intérieure à celle qu'elle empruntait). La jument étant posée, je la guidait ensuite sur la carrière entière en lui demandant toutes sortes de figures.

Celà se passait plutôt bien et je tentais alors de la mettre au trot. Après quelques cercles dans le fond de la carrière (endroit qui a tendance à stresser tous les chevaux), la jument a montré des signes d'inquiétude en regardant à l'extérieure du cercle. Nous étions à main gauche quand tout à coup, en un éclair, la jument s'est mise face à la lice de la carrière (à droite) ; j'ai tenté de la remettre sur le même cercle en insistant de la rêne gauche (qui était passée derrière la croupe) et en me portant vers la droite (face à elle), pour l'inciter à refaire demi-tour. Au lieu de suivre cette rêne, la jument a alors pris peur de ma position et s'est acculée en pivotant sur elle même, mais toujours dans le même sens (s'emmêlant ainsi complètement dans ma rêne gauche), et en reculant précipitamment dans une fuite en arrière incontrôlée. Naturellement, j'étais pendu aux rênes, et celà ne fît qu'accentuer son acculement !! Je nous voyais très mal barrés, et commençait à me demander comment celà allait se finir ... Heureusement, la jument finit par se rendre compte qu'elle reculait tout droit vers un obstacle et finit par se figer. Mes "Hoo ho, hooo lààà" étaient sans doute appropriés, mais je ne sais pas s'ils furent déterminants dans cette heureuse issue. Je m'approchais alors prudemment d'elle pour ne pas l'effrayer à nouveau et ainsi pouvoir la libérer de ses tortillons en la caressant chaleureusement pour la féliciter de sa bonne réaction ( pour s'être arrêtée sans plus de panique ).

Après cet épisode malheureux, qui malgré tout causa plus de peur que de mal ( par chance ), j'ai fini la séance en étant plus sage dans mes demandes et un peu moins gourmand. Je l'ai gardé au pas presque jusqu'à la fin, ne lui redemandant le trot qu'après l'avoir remise en confiance, et dans l'autre bout de la carrière (près de la sortie) , là où elle est d'ordinaire plus rassurée.

Après cette séance, j'ai presque failli remettre en question l'intérêt des longues rênes et les classer au rang d'instruments plus dangereux qu'utiles. Pourtant, j'ai choisi de me remettre en question moi-même et d'essayer de comprendre ce qui s'était passé. C'est d'ailleurs en écrivant ces lignes que j'ai pu analyser au mieux mes erreurs ( merci le blog !!! ) . Aujourd'hui, j'ai compris que les longues rênes n'étaient en faite que la partie immergée de l'iceberg que constitue l'art de les manier. Non seulement le dresseur dispose de ses mains et de la voix comme aides principales, mais je pressens qu'une bonne partie du secret du bon emploi des longues rênes réside dans le fait qu'il ne faut surtout pas négliger le positionnement du dresseur par rapport au cheval. De même que pour la longe, le dresseur doit toujours se trouver en arrière du cheval pour le pousser en avant . Ceci implique qu'il ne doit à aucun moment se diriger vers l'avant main du cheval tant que celui cî est en mouvement, quelque soit la raison, et encore moins dans les moments de pagaille, au risque de provoquer des troubles encore plus importants. Dans toutes les situations, le salut se situe en direction de l'arrière main. C'est toujours en poussant le cheval dans ses rênes qu'on pourra en récupérer le contrôle.

Je tire également de cet incident l'enseignement qu'il vaut mieux passer la rêne extérieure sur le dos du cheval plutôt que derrière la croupe, lorsque celui cî est sur l'oeil et qu'il risque de paniquer (on a moins de risque de le saucissonner s'il venait à prendre peur).

De même, lorsqu'on travaille de manière plus rapprochée du cheval ( derrière lui), il faut veiller à suivre les plus petites déviations de l'arrière main, et corriger la direction qu'il emprunte en l'encadrant dans les rênes. Il faut bien évidemment se tenir à distance respectable de sa croupe, pour s'épargner d'éventuels coups de pieds, sans être trop loin de lui non plus, pour pouvoir se remettre en ligne rapidement avec lui lorsqu'il échappe de l'arrière. Enfin, lorsque le cheval se bloque et ne veut plus avancer, il faut lui rendre les rênes pour qu'il puisse se porter en avant, l'encourager de la voix, si besoin lui faire battre les longues rênes sur les flancs et les cuisses, et en dernier recours le toucher de la cravache en dessous de la croupe. Le fait de lui faire sentir les rênes contre ses cuisses produit généralement un effet puissant pour le mettre en avant, le cheval s'engage alors au maximum et il faut veiller à ce qu'il ne se lève pas s'il persistait à s'acculer au lieu de se porter en avant.

Quoi qu'il en soit, le mieux est de toujours travailler les longues rênes dans un endroit clos (carrière ou manège), pour s'assurer que le cheval ne puisse pas s'échapper en emportant le flot des rênes, si le dresseur devait en venir à les lâcher.

dimanche 31 janvier 2010

Rapports et thèses autour du cheval

Je voulais juste signaler les liens suivants vers des thèses disponibles sur le web :

  • une thèse de Mélanie PINATO (2003) :

  • une thèse de Mme Léa LANSADE intitulée :


Je poste ici un lien vers une étude qui porte sur des données de 1997 à 2009 et qui fait le point sur les dégats causés par les chutes de cheval :
http://www.invs.sante.fr/publications/2010/traumatismes_equitation/rapport_traumatismes_equitation.pdf

Un cours sur la reproduction chez le cheval :
http://svt.ac-bordeaux.fr/Res-Peda/Prog-Lyc/Term-S/Procreat/Cheval/Reprod.pdf

mardi 12 janvier 2010

Débordements en longues rênes VS en longe

Il ne faut pas prendre à la légère les longues rênes en extérieur.
Je suis plutôt costaud pour un cavalier : 1m87 et assez sportif, mais il m'est arrivé de me retrouver à faire du ski nautique derrière un cheval d'1m68, et je peux sans doute m'estimer heureux qu'il se soit arrêté dans le coin de la carrière (l'entrée qui était heureusement fermée), car sinon je me voyais mal barré ... Ca court vite un cheval, et ça a une force énorme (qui plus est quand ça a déjà pris de la vitesse).

Certains pourraient penser qu'entre longues rênes et longe, il n'y a pas tellement de différence et que s'ils contrôlent facilement les débordements de leur cheval en longe, ils devraient s'en sortir en longues rênes. Mais PAS DU TOUT ! Le plus souvent, on attache la longe directement à la tête du cheval (que ce soit un caveçon ou un filet, passé en colbert), et donc, si celui cî tente de prendre la main, notre action agira forcément de manière unilatérale (très vite transformée en rêne d'ouverture) et l'incitera fortement à se plier, puis éventuellement à s'arrêter en nous faisant face.

En revanche, en longues rênes, celles cî coulissent depuis la tête, dans les anneaux du surfaix pour ressortir en direction de la croupe. Le fait est, que si le cheval tente d'échapper, on peut évidemment tenter de le mettre en cercle, mais notre action se limitera à un effet direct sur la tête, et dirigé vers l'arrière main. Le cheval indiscipliné pourra donc facilement résister à cette traction en s'appuyant sur le mors, et nous emmener de tout son poids. Qui plus est, bien souvent, on se retrouve rapidement en bout de longues rênes et on est alors contraint à agir symétriquement sur les deux côtés de la tête, empêchant ainsi de trouver l'issue de secours que constituerai la mise en cercle. Il ne reste plus alors que la séance de ski nautique, qui devrait rapidement tourner en vol plané le nez dans le sable, et à l'autre bout, un cheval qui s'éclate en liberté !!!

Donc une fois de plus, j'approuve totalement ce conseil, de ne jamais griller les étapes et de s'assurer qu'on a un cheval en toute confiance déjà en manège, avant de se risquer à plus d'espace. Sans compter que le manège n'offre pas autant de possibilités de distraction que la carrière, et que pour certain, ces nouveaux stimuli réveilleront sans doute des réactions instinctives d'une toute autre ampleur qu'en manège.
Et sécurité du dresseur et du cheval avant tout : penser évidemment à fermer la carrière pour limiter les éventuels débordements.