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samedi 28 mai 2011

Se laisser porter par le cheval

J'ai mis à profit ma dernière semaine de vacances à lire un livre de Sally Swift mondialement connu : "L'équitation centrée". Le bouquin fourmille d'images mentales qui permettent, en se les remémorant, par l'interprétation qu'en fait notre cerveau de trouver instinctivement le bon geste à reproduire à cheval. Il en est une qui m'a particulièrement marqué et qui m'a permis de passer un nouveau cap dans mon travail avec Varennes. C'est la position de relâchement total, d'abandon, qu'on peut voir en regardant la célèbre statue de Cyrrus Dallin "Appeal to the great spirit" :


Sally Swift insiste beaucoup sur le relâchement des muscles dans la pratique de l'équitation et pour avoir une position efficace et belle, elle recommande de se représenter l'image mentale de cette statue.

Cette expérience m'a rappelé les sensations que j'avais déjà pu ressentir avec une autre jument, plus avancée dans son dressage que Varennes. Je ne me contractais plus pour suivre ou anticiper les mouvements du dos du cheval, mais je restais passivement assis de tout mon poids dans la selle, en équilibre sur 3 points : les 2 ischions et la zone du périnée. J'ai alors constaté que mes jambes restaient beaucoup plus indépendantes et plus légères que d'habitude et qu'en conséquence, leurs actions étaient beaucoup mieux respectées par le cheval. Mon défaut principal qui consiste à baisser la tête avait tendance à s'estomper et mon assiette se faisait plus profonde. De même que mes jambes, mes mains avaient des actions bien plus délicates et le cheval prenait moins appui sur elles qu'à son habitude. Dans ses conditions, j'ai pu aborder les premiers changements de pieds isolés au galop avec succès, toujours en conservant le code déjà en place de demander le galop avec l'assiette extérieure. De même, les figures de 2 pistes étaient bien meilleures et surtout, j'ai pu travailler sur le reculer et les départs au trot avec de très bonnes transitions. Le problème de bouche muette à l'amorce du reculer avait tendance à disparaître de demandes en demandes.

Bref, je souhaite conserver cette image mentale dans mon travail et j'espère qu'elle continuera de me permettre d'améliorer ma position et mon assiette.

lundi 9 mai 2011

Des photos de Varennes

Je vous rassure : il est beaucoup plus photogénique en mouvement qu'en photo !!!






Bercer le cheval de droite et de gauche

Après avoir bien bossé en fin de semaine dernière, samedi matin a été l'occasion de souffler un peu et de s'aérer l'esprit dans un nouveau contexte : une balade inédite.
Le cheval a en effet pris sa routine avec sa cavalière précédente et connaît sur le bout des sabots ses balades habituelles. J'ai donc voulu le tester en extérieur pour le confronter à de nouveaux endroits, de nouvelles "difficultés", et j'ai été emballé par son bon comportement. Il est passé à côté des prés où paissent les ânes presque décontracté, a tout juste fait un petit départ surprise quand l'un d'entre eux a surgi par surprise au petit trot de derrière les buissons, a marqué un petit temps d'arrêt devant une grille d'écoulement pluvial, puis l'a franchi sans discuter, a pris son grand trot dans les montées dans les champs et sans forcer la main au moment de revenir au pas, bref, un amour !

Du coup on a repris le boulot en carrière dimanche matin et là on a fait un super boulot qui laisse présager de belles choses pour l'avenir. Après avoir travaillé à développer l'impulsion, puis à organiser son travail en lui proposant de se tenir sur la rêne extérieure, j'ai affiné les aides pour lui demander de se tenir sur l'extérieur. Au lieu simplement de porter ma main intérieure brièvement au contact de la commissure puis de rendre rapidement, j'ai utilisé une vibration des doigts sur la rêne intérieure tandis que ma main extérieure restait au contact, accompagnant le balancier de l'encolure. Le cheval a très bien réagit sur une encolure portée relativement longue, et je présume que cette attitude dans laquelle il travaille dans une relative légèreté, est représentative de son niveau dans la progression vers le rassembler. A mesure qu'il sera confirmé dans ce travail sur des aides "aimables", il devrait pouvoir se décontracter d'avantage et offrir progressivement une attitude de plus en plus rassemblée.

Si j'étais très satisfait de son bon comportement au niveau de sa réponse aux aides, je remarquais néanmoins que je n'arrivais pas à dessiner correctement des cercles de 10m : le cheval ayant toujours tendance à tourner en évasant le cercle, puis en recherchant à l'élargir, me ramenait immanquablement sur le cercle de 20m !!! J'ai pensé que peut-être cette attitude sur la rêne extérieure était responsable de ces mauvais résultats. J'essayai donc de le décoller de la rêne extérieure par le même moyen que je l'y avais incité, et là oh miracle : les tournant s'amorcèrent de plus en plus serrés, tout en gardant un certain équilibre, et en étant toujours capable de revenir sur la position de base : contact sur la rêne extérieure. Je précise cependant les actions déterminantes de mon poids du corps à l'intérieur, hanche en avant, associée à une jambe extérieure légèrement en soutient de l'arrière main.

J'avais donc résolu mon énigme du transfert de poids latéralement, et ceci m'ouvrait la voie pour un nouvel exercice (entendez "avec ce cheval", évidemment cet exercice n'a rien d'innovant en soit !...) d'agrandissement/rétrécissement du cercle. Je décidais de compléter ensuite ce travail par des balancements de 2 pistes de gauche et de droite sur les lignes droites, dans le pli de la contre-épaule en dedans (très léger pli). Je constatais d'ailleurs que le cheval se redressait sensiblement à chaque nouveau balancement et s'engageait d'autant à chaque fois : le cheval se mettait "dessous".

Comme je me rappelais que "la position précède l'action", j'ai ensuite pensé que cet équilibre me faciliterait le reculer, et je lui demandais donc après un arrêt en bonne et dûe forme. Mais sans succès : je me heurtais toujours à ce mutisme de la bouche au moment d'enclencher le mouvement. Je finissais toujours après quelques secondes à le décider, mais visiblement mon postulat de base n'était pas correct, ou tout du moins incomplet. Peut-être que le cheval a encore besoin d'entraînement pour parfaire la musculature propre au reculer ? Quoi qu'il en soit, je décidais comme à mon habitude d'être patient et d'attendre plutôt que de trop vouloir forcer les choses. Et puis le cheval avait déjà beaucoup donné au cours de la séance : il avait bien mérité une petite séance de "broutage en main" !!!

samedi 7 mai 2011

Envelopper le cheval de la rêne extérieure

Après avoir insisté quelques jours sur le développement de l'impulsion, je me suis attaché à faire fonctionner Varennes sur la rêne extérieure. En effet, les auteurs classiques recommandent de faire se tenir les chevaux sur la "rêne enveloppante", la rêne du dehors (au pli). Ca ne signifie pas qu'on doive tenir le cheval en tirant sur la rêne extérieure (d'ailleurs essayez, vous n'y arriverez pas !!!), mais que dans sa locomotion, le cheval devra s'attacher à conserver le contact avec celle ci. La rêne intérieure, quant à elle doit pouvoir être relâchée sans que l'attitude du cheval en soit changée.

Il y a toujours un côté sur lequel le cheval a une préférence pour se fier à la main, et l'autre où au contraire, le cheval aura tendance à fuir le contact. Bien sûr, toute la difficulté de l'exercice (qui n'en est d'ailleurs pas un, mais plutôt une façon de fonctionner du cheval) réside à ce que le contact sur la rêne extérieure devienne le plus équivalent à chaque main.

Pour moi l'intérêt également de ce travail, de cette ligne de conduite est que justement, il permet de se rendre compte très facilement des dérives qui peuvent s'insinuer dans notre monte. J'entends par là qu'il est très difficile de tricher en n'ayant qu'une seule rêne pour garder la mise en main d'un cheval.
Si l'impulsion est insuffisante, le cheval ralentira d'autant, refusera le contact sur une des 2 rênes (donc à une main donnée ou à l'autre) et se contre-incurvera dans l'encolure, ou au contraire, prendra un appui très franc (trop) sur la rêne extérieure à l'autre main, tout en se traversant.
De même, en gardant le cheval sur une seule rêne, on peut éviter d'avoir une main qui tire inconsciemment, dans la mesure où la moindre action un peu surdosée entraînerai la contre-incurvation de l'encolure.

J'ai donc commencé à travailler Varennes selon ces principes, sur des grands cercles, aussitôt qu'il commençait à être suffisamment "en avant". Le mode d'action de mes aides a été décrit dans le précédent article. Je n'ai pas grand chose à ajouter aujourd'hui, si ce n'est que lorsque le cheval se contre-incurvait en refusant le contact, je le remettait vivement en avant et pour corriger sa position, j'élevais brièvement ma main intérieure (la main de position) puis rendais aussitôt et aussi brusquement que possible, une fois la bonne position retrouvée.

J'ai par contre noté une nette amélioration au galop lorsque je dirigeais mon assiette vers l'intérieur (soit à l'opposé de l'assiette pour le trot). C'est à dire qu'au lieu d'avancer ma hanche intérieure, j'avançais au contraire ma hanche extérieure, tout en enveloppant les flancs du cheval du bas de la jambe extérieure. Mon poids se portait donc sur la fesse extérieure également. Cette position m'a tout a fait rappelé celle que prennent les toreros à cheval lorsqu'ils demandent la pirouette. L'épaule interne du cavalier recule franchement, le haut du buste se tourne vers l'intérieur et le regard pointe vers le postérieur interne.

Un des grands intérêts à ces différences de positions entre le trot et le galop est justement qu'elles permettent de faire passer les transitions au cheval grâce à l'assiette. Ainsi, depuis le trot, après quelques départs au galop en inversant l'assiette, j'ai très vite constaté que Varennes prenait le galop sur des actions de jambes ultra discrètes, et donnant un superbe départ. De même, depuis le galop, le simple fait d'inverser l'assiette permettait de limiter l'action des rênes pour le ralentir et passer au trot. Je me suis même essayé à un début de changement de pied au galop en intercalant seulement 2 foulées de trot entre les transitions, et le résultat a été impeccable.

Il faudra sans doute explorer cette voie pour étudier les changements de pied en l'air, mais je ne suis pas pressé pour cela, je préfère d'abord affermir son galop en lui demandant de petits contre-changements de main, qui deviennent de plus en plus prononcés, pour finir par quelques demi-voltes au contre-galop.

En parallèle de ce travail, je continue à chaque séance à lui demander quelques reculers. Le plus difficile est de l'enclencher dans le reculer. A chaque nouvelle demande, il a tendance à se figer dans sa bouche et à résister. Je monte alors mes mains symétriquement, puis joue dans les doigts pour le décontracter, et d'un coup, il cède de la mâchoire et de la nuque simultanément, et enclenche les pas de reculer. Il diagonalise plutôt bien ses foulées et reste ensuite relâché dans son avant main. Je veille toujours à bien le garder en ligne droite, mais il se débrouille plutôt bien. Peut-être qu'à force de répétitions, il oubliera ces mauvaises contractions lors des débuts de demande ? J'ai en tout cas remarqué qu'il se figeait beaucoup moins, voir parfois pas du tout lorsque je lui demandais le reculer avec une encolure pas trop courte : sans doute est-ce la solution ...

lundi 2 mai 2011

Avoir un cheval droit

J'ai fait une expérience intéressante alors que je rentrais d'une balade avec Varennes.

Alors que le cheval marchait d'un bon pas, encolure horizontale mais malgré tout posé sur la main, il arrivait qu'il soit parfois distrait par les curiosités du paysage. Evidemment, je ne lui en voulais pas, et en temps normal, j'aurai pu le laisser profiter de ces distractions, mais étant très enthousiaste en ce moment à l'idée de poursuivre le dressage d'un cheval aussi sensible, j'avoue que je m'étais un peu fait violence pour partir en balade, plutôt que de gratouiller en carrière. La balade étant cependant essentielle à l'équilibre aussi bien mental que physiologique de nos chevaux, habitants en box, j'avais choisi de lui offrir ce petit plaisir malgré tout, mais je ne pouvais m'empêcher de l'astreindre malgré tout à avancer le plus droit possible (entendez "sans se traverser").

Voici les aides que j'ai utilisé pour redresser le cheval et qui m'ont donné de très bons résultats :
lorsque le cheval regardait à droite, j'avançais ma hanche droite en appuyant un peu sur mon étrier droit, élevant légèrement ma rêne droite au contact et enveloppant le cheval de ma jambe gauche et de ma rêne gauche, en agissant par touchettes de la main gauche, pour lui demander de repousser ses épaules à droite.



Le lendemain, je reprenais le travail en carrière et après une petite détente, je me réjouissais d'essayer ma nouvelle découverte. Quelle ne fut pas ma déception en constatant que je n'arrivais pas à reproduire les sensations que j'avais connu la veille. Je bidouillais un peu mais ce que j'obtenais ne me satisfaisait pas, je n'était plus efficace et je m'épuisais à pousser un cheval qui ne réagissait pas.

Ca paraît évident après coup quand on l'écrit (ou le lit), mais sur le coup, j'étais tellement concentré sur l'application de ma technique qu'il me fallut un petit moment tout de même pour me rendre compte qu'il me manquait tout simplement l'IMPULSION !!! Hé oui, la grande différence entre les 2 séances était que la veille on était en balade, et là Varennes était franchement en avant (d'autant plus qu'on était sur le chemin du retour) alors qu'aujourd'hui on bossait en carrière ... Faites le test d'appuyer le pied sur un étrier avec un cheval qui n'est pas dans l'impulsion : vous devriez constater rapidement que le pépère fera mine de s'arrêter. Pas étonnant alors que je n'arrivais pas à redresser le cheval avec la dite technique !

Après une brève leçon de jambes, je pu enfin retrouver les sensations tant recherchées et j'en profitais même pour enchaîner des EED / contre EED, qui passèrent avec fluidité. Du même temps, j'ai pu développer le galop de Varennes sur de grands cercles en utilisant ma jambe externe associée à une large rêne d'ouverture et en restant assis.

Moralité banale : on ne le dira jamais assez, mais pour pouvoir demander (et obtenir) un mouvement, il faut d'abord avoir de la propulsion (en sachant que tout exercice consomme justement une part de l'impulsion).