Pages

mercredi 15 juin 2011

Ouvrir l'assiette et laisser passer l'énergie

L'avant dernière séance avec Varennes avait été une catastrophe. Je n'ai pas compris ce qui lui arrivait, il n'avait plus d'énergie, se traînait mollement. Non pas qu'il s'acculait, mais il me fallait sans cesse le rappeler à l'ordre de la cravache pour qu'il respecte mes jambes. Quelques foulées précipitées plus tard, le revoilà qui s'installait à nouveau dans une attitude molle. Je ne comprenais pas ... Avait-il une gêne physique ? Avait-il trop bossé la veille (je n'ai pas pu savoir qui l'avait sorti, ni ce qu'il avait fait la veille) ? Je décidais donc de limiter mes exigences et d'écourter la séance, mais j'étais complètement découragé. Etait-ce moi qui lui en demandais trop ? L'avais-je dégoûté du travail en carrière ? Blasé aux jambes ?

Toutes ces questions tournaient dans ma tête et je n'arrivais pas à me faire une idée. J'avais la sensation de ne pas avoir réussi à intéresser le cheval à son travail, pire, d'être considéré par lui comme un empoisonneur, disons le : un emmerdeur !!!

Je devais le remonter le sur-lendemain. J'avais hâte de le retrouver et de m'assurer qu'il avait retrouvé la forme tout simplement. Que tout cela n'était qu'un mauvais passage à vide et qu'on repartirait sur de bonnes bases. Je décidais donc de mettre toutes les chances de mon côté et de remettre en question ma façon de le travailler en profondeur.

Ayant depuis longtemps l'intime conviction que seule l'équitation de légèreté était bonne aux chevaux, je décidais de faire une recherche de ce côté ci . Comme je voulais que cette recherche aboutisse rapidement, plutôt que de relire en un soir l'intégrale de Nuno Oliveira, je décidais de prendre modèle sur des images mentales inspirées par des vidéos de cavaliers dont je tiendrai en estime le travail. Et me voila en quête de vidéos sur Youtube !!!

Voici une vidéo qui me plu beaucoup :


Je compris qu'il fallait une fois de plus se reposer sur le sacro-saint "Mains sans jambes et jambes sans mains".

Mais ce qui me permis de mettre en pratique au mieux cette technique, fût une fois de plus, une image mentale tirée du "l'équitation centrée" de Sally Swift. En effet, au chapitre sur le trot, elle expliquais qu'il fallait avoir envie de faire descendre son genou vers le bas comme pour le faire toucher un index imaginaire qui se trouverai juste en dessous. En tentant de reproduire cette image, je compris qu'il ne fallait rien de moins pour obtenir une assiette plus profonde, plus décontractée, avec néanmoins la tonicité des adducteurs nécessaire à la tenue à cheval. Tout ceci en laissant formidablement bien passer l'énergie du cheval des postérieurs jusqu'à la bouche et inversement.

En lisant également Jean-Claude Racinet ("L'équitation de légèreté"), au sujet de la position du cavalier, il insistait sur la nécessité d'avoir la cuisse tournée sur son plat d'une part et d'avoir des aides "séparées" d'autre part. En essayant de pivoter mon fémur de manière à avoir le plat au contact de la selle, je compris également que cette position permettait d'avoir des bas de jambe légèrement décollés des flancs. Aucune action parasite ne serait donc ressentie par le cheval, et au contraire, l'application des jambes en serait d'autant mieux perçue par celui ci.

Après avoir visionné une de mes séances filmées (c'est toujours l'occasion de grandes remises en questions), je me suis également aperçu que mon bassin avait souvent tendance à trop accompagner les mouvements du cheval. Ainsi, mon assiette n'était pas neutre et avait tendance à vouloir pousser le cheval en permanence. Ce n'était pas l'image que je me faisais de mon équitation et pour avoir regardé très souvent d'excellents cavaliers d'obstacle, je n'avait jamais observé chez eux cette tendance. Au cours d'une balade, je m'efforçai donc de soutenir un peu plus mon rein et d'immobiliser mon bassin dans une position neutre. Certes je me sentais plus lourd en selle et chaque foulée de trot devait paraître un peu autoritaire au cheval. Cependant, force est de constater que l'attitude du cheval était au demeurant excellente, et qu'il se déplaçait dans une cadence stabilisée. J'aurais aimé être filmé à ces instants pour avoir confirmation de mon ressenti ... Ce sera l'occasion d'une prochaine séance.

lundi 6 juin 2011

De l'importance du "lâcher prise"

Ce titre assez mystique cache en faite plusieurs notions :
  • l'alternance des équilibres à demander dans le travail du cheval,
  • l'importance de la récompense entre chaque phases de travail
  • la nécessité de décontracter les ressorts du cheval avant de pouvoir les contracter, et bis repetitae, ad libitum ...
Il m'arrive régulièrement de m'enfermer dans mon travail avec le cheval : je ne vois plus ce qui se passe autour de moi, d'ailleurs mon regard est figé sur les oreilles de mon cheval, et je passe de (trop) longues séquences sur des exercices avec la tendance à un peu trop focaliser sur un point donné.

Cette attitude de travail n'est pas bonne. Je l'ai compris depuis longtemps, et pourtant, il me faut régulièrement m'astreindre à "lâcher prise". Le cheval peut travailler de longues séances, mais à condition de savoir conserver son attention par des exercices variés. Il ne sert à rien de vouloir rabâcher un exercice trop longtemps : il ne s'améliorerait pas, bien au contraire, on risque même de détériorer son exécution. Il faut sans cesse tenir compte des possibilités offertes par le niveau de dressage du cheval, et adapter nos demandes en fonction de cela. Bien sûr, il est nécessaire parfois d'avoir des exigences un tout petit peu plus grandes que celles auquel le cheval est habitué à répondre, mais alors, il faut savoir reconnaître le moindre signe de progrès ou de bonne volonté et tout en encourageant le cheval, savoir arrêter l'exercice avant qu'il ne se blase. Il est important à ce point de faire comprendre au cheval qu'on le remercie de sa bonne coopération et qu'il a le droit de retrouver un peu de calme en lui proposant une attitude plus décontractée (la descente d'encolure est toute indiquée pour cela).

De même, s'il arrive parfois qu'on travaille dans une attitude assez "contrainte" par des mains qui demandent au cheval un équilibre un peu plus sur les hanches qu'à son habitude, on s'apercevra assez rapidement qu'au final, le cheval fini souvent par s'encapuchonner. C'est alors le signe qu'on a été trop exigeant et qu'un retour dans un équilibre plus horizontal et plus décontracté s'impose. Là encore, l'extension d'encolure est la solution pour permettre au cheval de retrouver une locomotion plus naturelle, sans intervention de la main, tout en étirant sa musculature qu'il a trop fortement contracté lors du dernier exercice.

Un autre signe révélateur de mains trop pressantes est l'apparition de grincements de dents, de claquements, de jeux de mâchoires en travers. Il est alors urgent de rendre les rênes  pour un temps de travail moins contraignant, au risque de voir s'installer ces mauvaises habitudes plus durablement.

On peut également constater quand on travaille longtemps un cheval dans une attitude rassemblée, qu'il a tendance à diminuer l'amplitude de ses foulées. C'est là le signe qu'il faut déplier le cheval et vérifier sa réponse aux jambes en lui proposant d'augmenter son amplitude, en faisant des transitions montantes au sein de l'allure (allonger le pas, le trot ou le galop, selon).

Ainsi, outre les notions d'entretien de l'attention du cheval, de renforcement dans le conditionnement , on voit également qu'il est important dans la gymnastique de l'athlète d'intégrer une diversité d'équilibres, d'attitudes, qui permettront d'atteindre de meilleurs résultats dans le respect de son appareil locomoteur. On peut d'ailleurs très bien proposer un travail de 2 pistes dans diverses attitudes : le Dr Pierre Pradier en est d'ailleurs le fervent défenseur aujourd'hui lorsqu'il prône ce travail en extension d'encolure. Il affirme même que c'est dans cette attitude que le cheval pourra intégrer dans son inné locomoteur, le travail de 2 pistes.

J'ai pour ma part constaté aujourd'hui les bien-faits de l'épaule en dedans en descente d'encolure. Varennes a toujours eu plus de mal à engager son postérieur droit que le gauche, et de faite, avait beaucoup de difficultés à offrir une épaule en dedans à droite qu'à gauche. En lui demandant cet exercice en descente d'encolure, il a pu construire son déplacement latéral tout en conservant un bon engagement du postérieur droit et une bonne cadence (pas puis trot). Le fait de toujours me laisser porter par le cheval m'a également permis de mieux utiliser mes jambes et mon assiette.