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lundi 8 mars 2010

Exercices aux longues rênes

Les longues rênes sont un outil formidable quand elles sont pratiquées avec raisonnement. Ainsi, Philippe Karl décrit la progression qu'elles permettent dans l'étude du piaffer. Cet air résultant de la diagonalisation des membres du cheval, le reculer et le trot étant deux allures diagonalisées, l'une dirigée vers l'avant, l'autre vers l'arrière, il est possible d'atteindre le piaffer en demandant alternativement des départs au trot et des reculers. Le principe étant de commencer avec des demandes relativement espacées (dans l'espace et le temps), et à mesure que la perméabilité du cheval se manifeste, on peut demander des transitions plus rapprochées, et donc des distances de parcours plus petites. Par cette progression, il arrivera un moment où le cheval atteindra une diagonalisation quasi en place (on autorisera un très faible déplacement au début pour arriver à rester en place), où le cheval se trouve assis sur l'arrière main, dans l'attitude du piaffer. Cet équilibre très rassemblé et proche des postérieurs est atteint grâce au report de poids qui intervient dans le reculer. Il est par contre primordial que le cheval travaille dans une obsession permanente du mouvement en avant. On termine toujours l'exercice par une remise en avant au trot de travail.

Je n'ai pas encore eu l'occasion de mettre un cheval au piaffer, mais cette approche me parait très séduisante, et j'ai tenté de l'appliquer à Garance. En une séance, j'ai été impressionné de la progression dont elle a pu faire preuve, et j'ai ainsi pu l'amener à conserver un petit trot très rassemblé que je ne lui connaissait pas monté. La jument ayant une petite tendance à fainéanter j'ai pu l'animer très facilement en lui faisant battre très légèrement les rênes contre les flancs et les cuisses. La jument étant par contre assez craintive, elle avait alors tendance à se jeter en avant. En fermant immédiatement après mes mains sur le bitless, elle s'asseyait vraiment dans son trot.

Un autre exercice auquel je porte beaucoup d'intérêt est l'extension d'encolure. Je la pratique au monté avant chaque séance de travail, durant la détente et après la séance, durant le séchage du cheval. J'ai déjà pu expliquer que je l'obtenais au monté en appliquant un contact dirigé vers le haut de la bouche pour demander préalablement la cession de mâchoire, puis en autorisant le cheval à avancer sur son mors et vers le bas. Pour l'obtenir aux longues rênes, je commence par mettre le cheval sur un petit cercle (Neptune m'a permis de mettre au point cet exercice), en étant positionné tout à fait derrière les postérieurs, puis quand le cheval s'incurve correctement, lui demander le départ au trot, et lui laisser filer les rênes entre les mains pour qu'il rejoigne le cercle de 10m. C'est alors plutôt le principe du peignage des rênes qui entre jeu ici, mais je trouve que cette technique permet de bien orienter le cheval, tout en l'élongant dans sa ligne du dessus.

dimanche 7 mars 2010

Déboires aux longues rênes en carrière avec Garance

Jusque là, j'avais surtout pratiqué les longues rênes en rond de longe, et les choses étaient relativement simplifiées par le fait que l'endroit était clos et ne permettait pas d'autres distractions potentielles vers l'extérieur pour les chevaux. Ceci est très bénéfique pour l'éducation des chevaux aux longues rênes, mais celà ne représente pas la réalité du terrain, lorsque les chevaux sont ensuite confrontés aux perturbations possibles d'autres environnements plus vivants comme la carrière.

Avec Garance, qui commence à être bien mise aux longues rênes en bitless dans le rond de longe, je me suis risqué depuis 2 jours à la sortir en carrière. Il m'est très vite apparu évident que de nouvelles difficultés allaient se profiler à l'horizon. La jument qui est un peu sur l'oeil de nature (bien que très assagie avec l'âge : 15 ans), était beaucoup moins en avant et plus flottante qu'à l'accoutumée. Je commençait par lui demander de décrire des cercles au pas autour de moi (pas exactement en faite, disons plutôt que je parcourais en même temps qu'elle, le cercle sur une piste intérieure à celle qu'elle empruntait). La jument étant posée, je la guidait ensuite sur la carrière entière en lui demandant toutes sortes de figures.

Celà se passait plutôt bien et je tentais alors de la mettre au trot. Après quelques cercles dans le fond de la carrière (endroit qui a tendance à stresser tous les chevaux), la jument a montré des signes d'inquiétude en regardant à l'extérieure du cercle. Nous étions à main gauche quand tout à coup, en un éclair, la jument s'est mise face à la lice de la carrière (à droite) ; j'ai tenté de la remettre sur le même cercle en insistant de la rêne gauche (qui était passée derrière la croupe) et en me portant vers la droite (face à elle), pour l'inciter à refaire demi-tour. Au lieu de suivre cette rêne, la jument a alors pris peur de ma position et s'est acculée en pivotant sur elle même, mais toujours dans le même sens (s'emmêlant ainsi complètement dans ma rêne gauche), et en reculant précipitamment dans une fuite en arrière incontrôlée. Naturellement, j'étais pendu aux rênes, et celà ne fît qu'accentuer son acculement !! Je nous voyais très mal barrés, et commençait à me demander comment celà allait se finir ... Heureusement, la jument finit par se rendre compte qu'elle reculait tout droit vers un obstacle et finit par se figer. Mes "Hoo ho, hooo lààà" étaient sans doute appropriés, mais je ne sais pas s'ils furent déterminants dans cette heureuse issue. Je m'approchais alors prudemment d'elle pour ne pas l'effrayer à nouveau et ainsi pouvoir la libérer de ses tortillons en la caressant chaleureusement pour la féliciter de sa bonne réaction ( pour s'être arrêtée sans plus de panique ).

Après cet épisode malheureux, qui malgré tout causa plus de peur que de mal ( par chance ), j'ai fini la séance en étant plus sage dans mes demandes et un peu moins gourmand. Je l'ai gardé au pas presque jusqu'à la fin, ne lui redemandant le trot qu'après l'avoir remise en confiance, et dans l'autre bout de la carrière (près de la sortie) , là où elle est d'ordinaire plus rassurée.

Après cette séance, j'ai presque failli remettre en question l'intérêt des longues rênes et les classer au rang d'instruments plus dangereux qu'utiles. Pourtant, j'ai choisi de me remettre en question moi-même et d'essayer de comprendre ce qui s'était passé. C'est d'ailleurs en écrivant ces lignes que j'ai pu analyser au mieux mes erreurs ( merci le blog !!! ) . Aujourd'hui, j'ai compris que les longues rênes n'étaient en faite que la partie immergée de l'iceberg que constitue l'art de les manier. Non seulement le dresseur dispose de ses mains et de la voix comme aides principales, mais je pressens qu'une bonne partie du secret du bon emploi des longues rênes réside dans le fait qu'il ne faut surtout pas négliger le positionnement du dresseur par rapport au cheval. De même que pour la longe, le dresseur doit toujours se trouver en arrière du cheval pour le pousser en avant . Ceci implique qu'il ne doit à aucun moment se diriger vers l'avant main du cheval tant que celui cî est en mouvement, quelque soit la raison, et encore moins dans les moments de pagaille, au risque de provoquer des troubles encore plus importants. Dans toutes les situations, le salut se situe en direction de l'arrière main. C'est toujours en poussant le cheval dans ses rênes qu'on pourra en récupérer le contrôle.

Je tire également de cet incident l'enseignement qu'il vaut mieux passer la rêne extérieure sur le dos du cheval plutôt que derrière la croupe, lorsque celui cî est sur l'oeil et qu'il risque de paniquer (on a moins de risque de le saucissonner s'il venait à prendre peur).

De même, lorsqu'on travaille de manière plus rapprochée du cheval ( derrière lui), il faut veiller à suivre les plus petites déviations de l'arrière main, et corriger la direction qu'il emprunte en l'encadrant dans les rênes. Il faut bien évidemment se tenir à distance respectable de sa croupe, pour s'épargner d'éventuels coups de pieds, sans être trop loin de lui non plus, pour pouvoir se remettre en ligne rapidement avec lui lorsqu'il échappe de l'arrière. Enfin, lorsque le cheval se bloque et ne veut plus avancer, il faut lui rendre les rênes pour qu'il puisse se porter en avant, l'encourager de la voix, si besoin lui faire battre les longues rênes sur les flancs et les cuisses, et en dernier recours le toucher de la cravache en dessous de la croupe. Le fait de lui faire sentir les rênes contre ses cuisses produit généralement un effet puissant pour le mettre en avant, le cheval s'engage alors au maximum et il faut veiller à ce qu'il ne se lève pas s'il persistait à s'acculer au lieu de se porter en avant.

Quoi qu'il en soit, le mieux est de toujours travailler les longues rênes dans un endroit clos (carrière ou manège), pour s'assurer que le cheval ne puisse pas s'échapper en emportant le flot des rênes, si le dresseur devait en venir à les lâcher.